La coutume
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La coutume
Elle fut un droit au Moyen Age. On faisait des enquêtes par tourbe, c'est à dire en prenant connaissance auprès du petit peuple des us et coutumes pour juger quelqu'un. Mais "la coutume est la mère de l'ignorance" dit Montaigne. C'est vrai que nous ne savons pas l'origine de nos coutumes, que nous pratiquons pourtant et qui font partie de notre culture. Quelle est l'origine de celle qui consiste à trinquer quand nous buvons en compagnie ?
Saréga- Chien fou
- Messages : 139
Date d'inscription : 06/05/2011
Re: La coutume
Je laisse de côté les interrogations que soulèvent les coutumes, leur origine et notre usage , il me faut plus de temps.
Pour trinquer,si l'interrogation est véritable, c'est dit mieux que je ne pourrais résumer:
"Chacun aura remarqué cette curieuse habitude qui consiste à entrechoquer les verres avant de commencer à boire. Et certains jettent un œil sévère à celui qui enfreint la règle en portant directement la coupe à ses lèvres. Un peu comme si cette précipitation trahissait la peur de trinquer. Et nous touchons là au cœur de l’explication.
Pendant le Moyen Âge et la Renaissance, sous couvert d’un métier honnête (par exemple joaillier ou parfumeur), des aigrefins se lancent à l’assaut d’une clientèle huppée (notables, seigneurs, gentilshommes et gens de cour). Mais ces filous ne proposent pas seulement de guérir : ils peuvent aussi tuer. Soit par l’envoûtement, soit en vendant des potions magiques, c’est-à-dire du poison.
Ainsi, dans ce contexte où rôdent et se mêlent ésotérisme, religion, superstition, dénonciations et peur de l’autre, chacun se sent à la merci d’un hypothétique ennemi. Même lorsqu’il doit partager avec lui un repas. Car lors d’une rencontre entre seigneurs, les accolades pouvaient se muer en coups de poignards. À moins que l’hôte ait l’idée d’offrir à son invité un breuvage... empoisonné.
Une amusante parade va donc s’installer. Afin de prouver sa bonne foi, le maître des lieux prendra l’habitude de verser une petite quantité de sa boisson dans le « verre » (récipient d’argent ou de terre) de son interlocuteur. Celui-ci devant répondre par le même geste en signe de confiance réciproque. Dans ces conditions, plus de doute possible sur la teneur inoffensive du breuvage. Car si l’un des deux récipients contenait à l’origine une potion mortelle, ce rituel anodin avait mélangé le poison dans les deux ustensiles. Ne restait plus qu’à boire simultanément la première gorgée en se regardant droit dans les yeux.
Par la suite, les protagonistes se contentèrent de cogner l’ustensile voisin. Objectif : que le liquide, souvent rempli à ras bord, éclabousse et atteigne l’autre récipient. Là encore, pour obtenir le but recherché, chacun devait frapper la coupe opposée à tour de rôle. Aujourd’hui encore, certaines personnes ne se contentent pas d’un petit tintinnabulement simultané des verres, elles tiennent à marquer clairement « leur » choc et attende le vôtre en retour. À la bonne vôtre !
Le Pourquoi du Comment vol. 2 / Daniel Lacotte.- Éditions Albin Michel, 2006
Pour trinquer,si l'interrogation est véritable, c'est dit mieux que je ne pourrais résumer:
"Chacun aura remarqué cette curieuse habitude qui consiste à entrechoquer les verres avant de commencer à boire. Et certains jettent un œil sévère à celui qui enfreint la règle en portant directement la coupe à ses lèvres. Un peu comme si cette précipitation trahissait la peur de trinquer. Et nous touchons là au cœur de l’explication.
Pendant le Moyen Âge et la Renaissance, sous couvert d’un métier honnête (par exemple joaillier ou parfumeur), des aigrefins se lancent à l’assaut d’une clientèle huppée (notables, seigneurs, gentilshommes et gens de cour). Mais ces filous ne proposent pas seulement de guérir : ils peuvent aussi tuer. Soit par l’envoûtement, soit en vendant des potions magiques, c’est-à-dire du poison.
Ainsi, dans ce contexte où rôdent et se mêlent ésotérisme, religion, superstition, dénonciations et peur de l’autre, chacun se sent à la merci d’un hypothétique ennemi. Même lorsqu’il doit partager avec lui un repas. Car lors d’une rencontre entre seigneurs, les accolades pouvaient se muer en coups de poignards. À moins que l’hôte ait l’idée d’offrir à son invité un breuvage... empoisonné.
Une amusante parade va donc s’installer. Afin de prouver sa bonne foi, le maître des lieux prendra l’habitude de verser une petite quantité de sa boisson dans le « verre » (récipient d’argent ou de terre) de son interlocuteur. Celui-ci devant répondre par le même geste en signe de confiance réciproque. Dans ces conditions, plus de doute possible sur la teneur inoffensive du breuvage. Car si l’un des deux récipients contenait à l’origine une potion mortelle, ce rituel anodin avait mélangé le poison dans les deux ustensiles. Ne restait plus qu’à boire simultanément la première gorgée en se regardant droit dans les yeux.
Par la suite, les protagonistes se contentèrent de cogner l’ustensile voisin. Objectif : que le liquide, souvent rempli à ras bord, éclabousse et atteigne l’autre récipient. Là encore, pour obtenir le but recherché, chacun devait frapper la coupe opposée à tour de rôle. Aujourd’hui encore, certaines personnes ne se contentent pas d’un petit tintinnabulement simultané des verres, elles tiennent à marquer clairement « leur » choc et attende le vôtre en retour. À la bonne vôtre !
Le Pourquoi du Comment vol. 2 / Daniel Lacotte.- Éditions Albin Michel, 2006
Ijja- Maitre Philosophe
- Messages : 1365
Date d'inscription : 04/05/2011
Re: La coutume
Bravo Ijja. Ta réponse est très complète. L'hôte était, à l'origine, celui qui est reçu. Hôte vient de hostis qui vient de hostile. Il était pratique d'inviter chez soi son ennemi pour le surveiller, et pourquoi pas, l'empoisonner à l'occasion. Aller chez quelqu'un, c'est lui confier sa vie.
Saréga- Chien fou
- Messages : 139
Date d'inscription : 06/05/2011
Re: La coutume
Ca c'est un sujet qui me passionne ! Je demeure persuadé que bon nombre de nos coutumes sont très anciennes et que ce sont les seules survivances culturelles de temps préhistoriques. Et j'aime cette idée que nous perpétuons de façon spontanée des attitudes de l'âge de pierre !
Quelle ne fut pas ma surprise de constater que ma collègue chinoise fraichement débarquée et parlant un fort mauvais français disait "tchin" en trinquant ! Pour elle, c'était une façon de saluer et c'est ce même mot qui a donné le mot "Chine". Je me suis renseigné alors et j'ai découvert que pour les étymologistes, cela vient bien du sud de la Chine. Pourquoi, comment, mystère.
Il existe tout un univers de coutume qui n'est pas étudié : les coutumes enfantines. Il existe une culture enfantine qui se perpétue dans les cours d'école et qui échappe à toute intrusion éducative adulte. J'ai été surpris de constater que mes enfants fonctionnaient à l'école avec les mêmes codes que moi alors qu'une trentaine d'années s'étaient écoulées. Par exemple "Plouf plouf" puis "Am Stram gram ". D'où ça vient ?
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Quelle ne fut pas ma surprise de constater que ma collègue chinoise fraichement débarquée et parlant un fort mauvais français disait "tchin" en trinquant ! Pour elle, c'était une façon de saluer et c'est ce même mot qui a donné le mot "Chine". Je me suis renseigné alors et j'ai découvert que pour les étymologistes, cela vient bien du sud de la Chine. Pourquoi, comment, mystère.
Il existe tout un univers de coutume qui n'est pas étudié : les coutumes enfantines. Il existe une culture enfantine qui se perpétue dans les cours d'école et qui échappe à toute intrusion éducative adulte. J'ai été surpris de constater que mes enfants fonctionnaient à l'école avec les mêmes codes que moi alors qu'une trentaine d'années s'étaient écoulées. Par exemple "Plouf plouf" puis "Am Stram gram ". D'où ça vient ?
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Jean-Dominique- Petit Sage
- Messages : 457
Date d'inscription : 09/05/2011
Re: La coutume
Elle n'est pas de moi: il faut rendre à César...
Intéressante l"étymologie que j'ignorais. Bigrement malin la tactique de jadis et quel virage à 260° de l'acception actuelle.
(Purée, Saréga, m'a dit bravo, je suis tout émue. )
Intéressante l"étymologie que j'ignorais. Bigrement malin la tactique de jadis et quel virage à 260° de l'acception actuelle.
(Purée, Saréga, m'a dit bravo, je suis tout émue. )
Ijja- Maitre Philosophe
- Messages : 1365
Date d'inscription : 04/05/2011
Re: La coutume
Les origines sont parfois éclairantes. Par exemple, l'emploi du parfum, connu depuis l'ancienne Egypte, servait aux femmes Grèques à attirer les amants et maris : moïkhoïs = amants, est devenu maquereau puis mac en Français. Ensuite, le parfum a servi à éviter de sentir la sueur du petit peuple. Les pieds plats opposés culturellement aux talons rouges. Les chaussures plates étaient celles du peuple, les chaussures à talon rouge étaient celles des nobles. La distinction, quoi ! Snob est dit de quelqu'un qui usurpe sa condition. Les enfants des grands bourgeois parvenaient à s'introduire, parfois, dans les écoles réservées aux nobles. Dans le registre de l'école, dans la colonne nobiliaire, on indiquait " sans noblesse" , puis "s. nob." en accourcissant. Les coutumes sont un marqueur social. Avoir de bonnes manières, c'est être distingué; et distingué du vulgaire.
Saréga- Chien fou
- Messages : 139
Date d'inscription : 06/05/2011
Re: La coutume
Pour snob et le mac, ça vient de loin, quel délire.
Rayon étymologie pour une expression:"Avoir les ongles en deuil", sales par référence à la couleur du deuil en Europe.
Rayon étymologie pour une expression:"Avoir les ongles en deuil", sales par référence à la couleur du deuil en Europe.
Ijja- Maitre Philosophe
- Messages : 1365
Date d'inscription : 04/05/2011
Re: La coutume
Jean-Dominique, il me semble que "ams tram gram" vient d'une ancienne chanson qui parlait d'Amsterdam.
Saréga- Chien fou
- Messages : 139
Date d'inscription : 06/05/2011
Re: La coutume
L'expression " je m'en moque comme de l'an quarante" est une déformation de "je m'en moque comme de l'Alcoran". La langue est adaptée souvent, ainsi bérouette devient brouette.
Saréga- Chien fou
- Messages : 139
Date d'inscription : 06/05/2011
Re: La coutume
Ah, je ne suis pas d'accord Spirale pour les expressions et la perte parfois; . je ne sais pas si on perd tant que ça.
Je trouve à rebours qu'il y a enrichissement par cette mouvance et empilement des acceptions des mots et expressions, même les contresens au fil de l'usage qui finalement enrichissent encore le mot, qui font que les mots et epressions deviennent de vrais millefeuilles que l'on peut explorer.
Cf. Ponge qui fait résonner l'étymologie de manière fascinante et hypnotique dans ses oeuvres.
Je trouve à rebours qu'il y a enrichissement par cette mouvance et empilement des acceptions des mots et expressions, même les contresens au fil de l'usage qui finalement enrichissent encore le mot, qui font que les mots et epressions deviennent de vrais millefeuilles que l'on peut explorer.
Cf. Ponge qui fait résonner l'étymologie de manière fascinante et hypnotique dans ses oeuvres.
Ijja- Maitre Philosophe
- Messages : 1365
Date d'inscription : 04/05/2011
Re: La coutume
Si l'on oublie le sens premier des choses, comme l'origine de l'action de trinquer, n'est-ce pas une perte ?
N'aura t'on pas tendance a regrouper plusieurs mots légèrement différents sous le même nom, faisant perdre du coup les subtilités ?
N'aura t'on pas tendance a regrouper plusieurs mots légèrement différents sous le même nom, faisant perdre du coup les subtilités ?
Re: La coutume
La pensée n'est pas localisée dans les unités linguistiques, mais dans l'usage qu'on en fait.
Les langues diffèrent davantage par ce qui doit être dit que par ce qui peut être dit (syntaxe).
Il n'y a pas de lien direct entre richesse lexicale et richesse de pensée, un même élément pouvant prendre, selon les contextes, un nombre infini de sens différents.
Les nécessités de la communication humaine sont plus constantes que la nature de ce qu'on a à communiquer. ("Le langage" de Mr André Martinet)
Les langues diffèrent davantage par ce qui doit être dit que par ce qui peut être dit (syntaxe).
Il n'y a pas de lien direct entre richesse lexicale et richesse de pensée, un même élément pouvant prendre, selon les contextes, un nombre infini de sens différents.
Les nécessités de la communication humaine sont plus constantes que la nature de ce qu'on a à communiquer. ("Le langage" de Mr André Martinet)
Saréga- Chien fou
- Messages : 139
Date d'inscription : 06/05/2011
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