Le passage sous le bandeau

Le passage sous le bandeau est l'étape qui se situe juste après ce que l'on appelle un peu abusivement les enquêtes.
Je dis abusivement, car dans le mot enquête, il y a un coté très intrusif et très "Je me fais cuisiner", ce qui à mon avis n'est pas le but des enquêtes, mais bon, c'est un autre topic.

Le passage sous le bandeau, est donc l'étape qui consiste à se présenter aux membres de la loge, les yeux bandés, et à recevoir toute une série de questions plus ou moins sérieuses.
Je ne rentrerai pas dans les détails de la procédure, car cela gâcherait le plaisir de ceux qui aspirent à rentrer en maçonnerie, dans le sens ou il est plus intéressant de le vivre sans trop savoir à quoi s'attendre.
En revanche j'insisterai sur un point. On croit souvent que le bandeau sert à mettre le postulant dans une position d'infériorité, ou même d'humiliation. Ce n'est absolument pas de cela dont il s'agit.
Le bandeau, en tous cas pour moi, a été vécu comme un moment ou je me suis retrouvé face à moi même, à mes contradictions et mes questionnements.
On se retrouve les yeux bandés, et on nous pose des questions. On ne voit pas la personne qui nous pose cette question, on ne la connait même pas. Et pourtant, naturellement, on cherche à répondre de façon la plus sincère.
Il n'y a pas de bonnes mauvaises réponses, on ne passe pas un entretient d'embauche. Il faut rester soi même, et juste prendre conscience de cet exercice passionnant qui consiste à ne se focaliser que sur des questions et des réponses, en oubliant tout ce qu'il y a autours.

Le Passage sous le Bandeau diffère franchement en fonction des Obédiences. Pour la mienne par exemple, qui est plus traditionnelle et plus stricte, cette épreuve est vraiment considérée comme telle, car très impressionnante. Sans rien dévoiler, lors de cet interrogatoire tout est fait pour nous déstabiliser et les questions sont vraiment sérieuses et très précises et les réponses doivent l'être tout autant. C'est, pour certains, un souvenir assez mal vécu car très déstabilisant.

Quant au reste... C'est un GRAND Moment. Un des plus BEAUX Moments de sa vie. N'est ce pas ?

Suis pas sûre que j'apprécierais ce "passage sous le bandeau" dont tu parles et cette façon d'être contrainte de répondre à tout un tas de questions ; c'est le principe même qui me dérange ainsi que le fait d'avoir les yeux bandés.

Pourquoi cela te dérange de répondre à des questions. On ne demande pas de révéler tes secrets, on te demande ton point de vue sur certaines choses.

C'est le côté "passage obligé" qui me dérange le plus, en fait.

Tout dépend en effet de quel genre de questions il s'agit.

Eh bien, moi, je m'en réjouirais, si cela m'échoit.
Mon insatiable curiosité serait satisfaite, je crois.

D'abord, n'oublions pas que nous avons promis le silence sur ce que nous avons entendu lors de ce passage. C'est important pour que les profanes n'attendent pas de nous ce que nous ne pouvons révéler.

Pour moi , le passage sous le bandeau est la première épreuve initiatique, , sur un chemin qui commence dès qu'on s'engage dans une réflexion qui nous amène à candidature. Le fait d'être privé de la vue permet de se concentrer sur le ressenti, les paroles entendues. C'est vraiment un moment fort dans le cheminement .
Dans certaines Obédiences , il n'existe pas.
C'est pour l'ensemble de l'Atelier, l'occasion de connaître mieux le candidat, il n'y a eu jusque là que la lecture des 3 "enquêtes" terme qui désigne le compte rendu écrit rédigé anonymement par les 3 Maîtres qui l'ont rencontré.
Certaines questions font préciser certains éléments évoqués dans les enquêtes, d'autres abordent d'autres sujets qui semblent importants à ceux qui les posent.
On voit parfois des profanes qui récitent ce qu'ils ont lu et croient devoir se montrer sous leur meilleur jour; or très vite ça se sent, il vaut mieux être authentique dans ses réponses, simple et direct dans son attitude.
L'Atelier cherche à connaître le profane et juger si il est susceptible d'avoir les "pré-requis" pour travailler , et s'il s'adaptera , s'il renforcera le groupe.

Clio a écrit:D'abord, n'oublions pas que nous avons promis le silence sur ce que nous avons entendu lors de ce passage. C'est important pour que les profanes n'attendent pas de nous ce que nous ne pouvons révéler.

[...]

On voit parfois des profanes qui récitent ce qu'ils ont lu et croient devoir se montrer sous leur meilleur jour; or très vite ça se sent, il vaut mieux être authentique dans ses réponses, simple et direct dans son attitude.
L'Atelier cherche à connaître le profane et juger si il est susceptible d'avoir les "pré-requis" pour travailler , et s'il s'adaptera , s'il renforcera le groupe.

J'aime. Merci à toi.

Bien à vous,
DjiDesire.

Le bandeau demande essentiellement de la sincérité ... Être et non paraitre.

Je peux comprendre Amédée...pan sur le passage sous le bandeau. Cela me fait penser à une scène d'exécution avec un tirs de questions... Où le candidat(e) ne peut s'en remettre qu'à lui même pour élaborer sa décision comme Thémis, la justice.
Tiens au fait, la justice n'a jamais été éblouie par la lumière ?
Je trouve le symbole extrêmement intéressant et fort du fait qu'il entraine déjà un travail sur soi... un peu comme mes journées au bord de l'eau avec ma canne à pêche ou mes balades à travers bois avec ce besoin de penser, méditer et de regarder un même passage autrement (non je mange pas des champis bizarre ).
Je ne peux parler que d'un sentiment car étant profane, je n'ai pas encore eu ce privilège.

Caie a écrit:Le bandeau demande essentiellement de la sincérité ... Être et non paraitre.

Ou l'art de dire en une ligne ce qui me nécessite un paragraphe

Mandrake a écrit:

Caie a écrit:Le bandeau demande essentiellement de la sincérité ... Être et non paraitre.

Je peux comprendre Amédée...pan sur le passage sous le bandeau. Cela me fait penser à une scène d'exécution avec un tirs de questions... Où le candidat(e) ne peut s'en remettre qu'à lui même pour élaborer sa décision comme Thémis, la justice.
Tiens au fait, la justice n'a jamais été éblouie par la lumière ?
Je trouve le symbole extrêmement intéressant et fort du fait qu'il entraine déjà un travail sur soi...

Voilà, tu as tout compris. Etant d'un caractère foncièrement sincère, ce n'est pas cet aspect-là qui me poserait problème mais ce passage obligé "sous le bandeau" et ce "tir de questions", comme tu dis.

"soumettre à la question", en quelque sorte et oui, cet aspect-là me pose problème.

Question....
...A une question posée à visage découvert, répondrais tu différemment les yeux bandés ?

Si Oui...Pourquoi !
Si Non...Pourquoi !

Le passage sous le bandeau est une mesure de sécurité

Le visage en partie caché, personne, si tu n'es accepté, ne peut te reconnaître dans la rue, et inversement, ne voyant personne, tu ne pourra pas reconnaitre les présents.

La symbolique aussi est que te trouvant dans les ténébres, tu n'es pas dissipé par ce qui t'entoure et peut tranquilement, sereinement, sans voir le. gros ventru sur sa chaise et l'autre qui te semble avoir une "drôle de gueule", distraire ta pensée

Je comprends les réticences d'Amédée, je les ai ressenties lorsque j'étais encore profane...et j'ai même vitupéré contre cette procédure, d'autant plus que chez mon mari (Suisse) elle n'existe pas.

Aujourd'hui je la comprends différemment, parce que j'ai vraiment compris la place qu'elle avait dans le processus initiatique.
Faire confiance, c'est primordial...

C'est une expérience fraîche pour moi. J'ai eu l'estomac noué les jours précédents, mais je me suis trouvé zen et concentré au moment venu.
Il faut dire que l'attente assez longue m'a fait oublier toute peur et m'a donné l'envie d'en finir

Sans rien dévoiler de ce moment exceptionnel, je dirai que :
- le bandeau dans mon cas a été une aide et non un handicap. On ne se préoccupe plus de ce que pensent les autres de notre apparence, on n'est pas perturbé, et surtout cela améliore la concentration et les possibilités d'introspection.
- les questions sont polies, il ne s'agit pas d'être "cuisiné" dans le sens où, lorsque nous décidons que nous avons terminé de répondre, un autre maçon prend la parole ; personne ne nous contredit ni ne nous pousse dans nos retranchements
- nous pouvons, et il vaut mieux, prendre un peu de temps pour réfléchir avant de répondre
- il n'y a pas de question intrusive (dans mon cas) ou embarrassante.

Merci pour le témoignage !

Vous avez déjà assisté à un dîner dans le noir ? Une émission de télé avait fait l'expérience et il y a un resto sur Paris dont c'est le concept.

Pensez vous que le dîner sera pareil à tout diner ? Je ne crois pas. Aveugle, on va se concentrer sur les bruits et les paroles, pas sur le paraitre. Déguster un vin dans le noir doit etre une belle expérience d'ailleurs.

Le passage sous le bandeau, au dela des aspects sécuritaires (on peut en parler) permet une introspection et une réponse sans doute plus authentique. Il ne s'agit pas d'un oral d'examen, il n'y a rien a réviser. Les questions se basent sur ce que les enquêteurs auront relevé.

Et on en mettra partout...

rbbe41 a écrit:Vous avez déjà assisté à un dîner dans le noir ? Une émission de télé avait fait l'expérience et il y a un resto sur Paris dont c'est le concept.

Pensez vous que le dîner sera pareil à tout diner ? Je ne crois pas. Aveugle, on va se concentrer sur les bruits et les paroles, pas sur le paraitre. Déguster un vin dans le noir doit etre une belle expérience d'ailleurs.

Le passage sous le bandeau, au dela des aspects sécuritaires (on peut en parler) permet une introspection et une réponse sans doute plus authentique. Il ne s'agit pas d'un oral d'examen, il n'y a rien a réviser. Les questions se basent sur ce que les enquêteurs auront relevé.

Il doivent prévoir les tabliers, aussi, dans le concept "resto in the dark" !

C'est vrai que notre monde sollicite la vue bien plus que les autres sens : la télévision, internet, etc. Il est rare de marcher de nuit sans autre éclairage que les étoiles et la lune, d'ailleurs il est rare de marcher tout court puisque nous avons les voitures...
Cette expérience de passage sous le bandeau m'a montré (entre autres choses) que les 4 autres sens ont aussi des choses à nous dire, si on veut bien les laisser s'exprimer.

Cette expérience de passage sous le bandeau m'a montré (entre autres choses) que les 4 autres sens ont aussi des choses à nous dire, si on veut bien les laisser s'exprimer.

Comment ca ?

C'est une très bon début, Buliwyf, prendre conscience de ses sens !
Je me souviens avoir perçu lors de mon passage sous le bandeau, une qualité d'atmosphère très dense, ouatée, presque lourde, que je n'ai plus jamais éprouvé dans le Temple, même lors des passages auquels j'ai assité dans divers Ateliers.

Le bandeau a aussi un rôle tout simple et bien compréhensible

Le candidat est introduit pour la première fois dans un temple, en face de personnes qu'il n'est pas sensé connaître. Il ne s'est engagé à rien encore puisque il vient seulement pour présenter sa candidature et se soumettre aux questions destinées à cela.

1) il ne faut pas qu'en sortant il puisse dénoncer qui était là, Il n'est pas encore F:. M:.

2) Lors de son initiation, il doit découvrir son environnement comme "un bébé qui vient de naître" et n'a jamais rien vu encore. Le bandeau mis sur ses yeux de profane, et retiré au F:.M:., ajoute à la révélation de la lumière qui lui est donnée.

Maintenant, hors de cet aspect pratique on peut disserter sur les symboles, c'est une caractéristique maçonnique.

Spirale a écrit:

Cette expérience de passage sous le bandeau m'a montré (entre autres choses) que les 4 autres sens ont aussi des choses à nous dire, si on veut bien les laisser s'exprimer.

Comment ca ?

C'est juste une impression que j'ai eue ce soir là...
Instinctivement, j'ai imaginé les contours de la pièce.
J'ai entendu du bois grincer, des gorges se racler. J'ai "senti" une lumière sur mon visage, sans la voir.

Pour réfléchir, je n'avais pas à m'embêter du "décors", savoir quoi regarder.

Finalement c'était un peu comme éteindre la télévision lorsqu'on veut du calme pour penser.