Que feriez-vous pour l'école si vous étiez président ?

Je défends une vision progressiste de l'école et vu que je travaillais bien plus de 35h lorsque j'enseignais, cela me semble une excellente chose.
Du temps sur place pour travailler, échanger, préparer, communiquer, élaborer, construire, etc.
Des temps de co-intervention...
Tant de choses à faire.

Bien à vous,
DjiAcacia.

Picoloo41 a écrit:Trop souvent l'image des enseignants est ternie par l'association "heures de cours" = "temps de travail". Avec une présence de 35 heures par semaine sur le lieu de travail, il ne sera plus possible de ternir toute une profession. Ceci étant dit, il y a aussi parmi les enseignants, des personnes qui ont choisi une modération salariale (c'est peu de le dire) contre une tranquilité relative et un travail relatif (il n'est pas nécessaire de refaire ses cours tous les ans....).

Travailler est la condition initiale pour avancer dans les apprentissages. L'école n'est pas une garderie et sans éffort aucun élève (sauf les surdoués) ne retiendra les enseignements. C'est pourquoi je place la valeur travail au centre.

PS: ma femme a été enseignante pendant 20 ans.

Je suis d'accord avec cela mais je trouve ça un peu contraignant, tout de même... Le métier d'enseignant, c'est aussi la possibilité de choisir quand et comment on travaille : les copies dans le train, un cours quand une idée se présente à nous au beau milieu de la nuit, etc. Je caricature mais je sais que beaucoup d'enseignants sont attachés à cette liberté et je les comprends, parce qu'on ne peut pas dire que leur salaire soit mirobolant : qu'on leur laisse au moins la possibilité de travailler quand ils le souhaitent et avec les outils qu'ils le souhaitent — d'autant que les établissements ne peuvent pas accueillir tous les enseignants pendant 35h, les salles ne sont pas assez nombreuses. Même dans l'enseignement supérieur tous les enseignants n'ont pas leur propre bureau, alors en collège ou lycée ce n'est même pas la peine d'y songer ; et on sait tous qu'une salle des profs n'est en général pas assez grande pour accueillir tous les profs, d'autant qu'on y fait en général tout sauf travailler : l'ambiance n'est pas forcément propice à la préparation de cours.

Mais justement, on parle d'idéal et d'évolution là, on peut tout imaginer (y compris les problèmes de logistique / de résistance qui iront avec nos envies)

J'ai complété mon gros poste avec le secondaire.
Peut être peut-on maintenant faire une synthèse ou échanger sur ce que chacun a proposé ?

"Les cahiers au feu et les profs au milieu ....

baton de dedale : constructif STP ... Je rajoute un peu de trucs pour compléter

Bon, deux ligne de plus sur mon post, inspirées de l'actualité

La question que je me pose : vos idées pleines de bon sens et qui ne coûteraient rien à appliquer ,pourquoi ne remontent-elles pas jusque dans les bureaux feutrés des ministères ? Pourquoi sont-ce des gens totalement déconnectés des réalités qui décident de l'avenir de notre société ,puisque l'enfant et l'Education qu'il reçoit conditionnent la société de demain ?

La question actuelle est : il y a eu des idées, mais elles ne sont peut être pas bonnes Et dans le lot, il y en a qui coûtent des sous ...
Puis bien sûr, bouger le mammouth, ça ne se fait pas sans remous (chacun ayant ses idées bien encrées, quand ce n'est pas son petit confort, ses habitudes, ses certitudes ...)

Allez Roussote, tu nous fait une petite liste toi aussi ?

Bah , j'ai travaillé (pas seule !) par le passé (il y a bien longtemps!) à la mise en place de nouvelles procédures d'enseignement . Nos "mémoires " ont permis à quelques hauts fonctionnaires de se faire mousser en proposant des idées neuves ,puis , plus rien .
La base : revenir aux fondamentaux . L'école à vocation à INSTRUIRE et non à ÉDUQUER à la place des parents . Pour changer l’École , il faut changer le regard de notre société sur le rôle des parents . Aujourd'hui , les parents sont dépossédés de leur rôle d'éducateurs . Ils ont remis leur pouvoir ,leur autorité et leur compétence entre les mains de l’État . Un psychiatre expliquerait très bien ce phénomène .
On pourra changer l’École à l'infini ; tant que les parents (et non l’enfant !)ne sont pas remis au centre du dispositif ,avec le rappel de leurs DEVOIRS (et non de leurs exigences !) et de leur RESPONSABILITÉ , rien ne bougera .

Le problème ne vient pas d'en haut....
Mais des acteurs hélas et du conservatisme...
De la manière dont certains accaparent les débats, se parant d'une fausse légitimité.
Les positions de principes dogmatiques sont trop nombreuses, infondées et génèrent des résistances mettant à mal les bonnes idées...

Bien à vous,
DjiAcacia.

Instruire oui,mais EDUQUER aussi, et Avec les parents.
Les règles , respect de l'autre , valeur du travail, entre autres,doivent être les mêmes , à la maison et à l'école.
C'est quoi, instruire? transmettre un savoir ET faire émerger le potentiel de l'enseigné.
Ca ne peut se faire correctement que si les règles d'éducation sont connues et respectées.

Je suis plus dans la lignée de Clio que la tienne Roussotte, bien que je sois d'accord que d'avoir des parents se rendent compte de ce qu'est l'école est indispensable ...
Quand on en voit certains venir se plaindre parce que leur lardon est puni, a de mauvaises notes ou autre - c'est tout simplement le monde à l'envers.

Un exemple simple sur ce que l'école peut apporter (que j'ai rajouter hier) : des valeurs de vie en société commune (la fameuse morale laïque qu'a sort Peillon), et l'égalité des sexes (que Duflot a remis au goût du jour). Ce sont deux points pour lesquels les familles peuvent avoir des avis divergents (de par la culture, les habitudes, tout simplement l'image que véhicule la société notamment pour le sexisme) - et pour lesquels l'école peut apporter une valeur et un socle commun. Les enfants, c'est l'avenir ... Belle définition de l'instruction soit dit en passant, Clio !

Sauf que ...si l'Ecole a un discours et que la famille en a un radicalement opposé ; c'est la famille qui gagne ! Alors , tous les efforts faits par l'Ecole et toutes les lois du monde ne changeront rien aux mauvais plis pris dès la plus tendre enfance . Si ,aujourd'hui ,l'Ecole est malade , c'est parce que la famille est malade . Les parents ne peuvent transmettre que ce qu'ils ont hérité et pour beaucoup , c'est peu ou mal ...Il faut commencer par redonner leur rôle aux parents ,le reste suivra .
Instruire , c'est transmettre un SAVOIR , pas élever ; de là viennent tous les malentendus . Un enseignant n'a pas vocation à être un éducateur .
D'ailleurs ,les changements (ridicules) d'appellations en disent long sur ce malaise :Instruction publique est devenu Education nationale ;Instituteur est devenu professeur des écoles ...cela cache la dilution des valeurs qui ont fait l'Ecole de la IIIème République ,celle qui était un formidable ascenseur social . Celle qui est morte depuis belle lurette .

Roussote a écrit:La question que je me pose : vos idées pleines de bon sens et qui ne coûteraient rien à appliquer ,pourquoi ne remontent-elles pas jusque dans les bureaux feutrés des ministères ? Pourquoi sont-ce des gens totalement déconnectés des réalités qui décident de l'avenir de notre société ,puisque l'enfant et l'Education qu'il reçoit conditionnent la société de demain ?

Parce qu'on a laissé les décisions importantes à de grands "penseurs" qui ne fréquentent pas les salles de classe ; parce qu'on a créé les sciences de l'éducation en laissant entendre que c'est une science exacte, ce qui est tout à fait faux ; parce qu'on a pensé, à tort, que pour favoriser tous les publics possibles, il fallait baisser les exigences.

Roussote : donc par exemple les familles disloquées, ou celles qui apprennent à leurs garçons qu'ils doivent taper leur soeur si jamais elle regarde un gars avant le mariage, l'école ne fait rien pour que ça change - pour que le gamin s'en sorte et puisse "vivre ensemble" ?
Il y a des grands problèmes de société, en plus de l'éducation de base - et sur ce premier point, l'école a aussi son rôle à jouer (quitte à ce que l'info remonte aussi par les enfants).
L'école ne fait pas qu'enseigner et apprendre la réflexion, elle donne aussi des valeurs communes pour vivre en société, en France.

Lux Lisbon : Pour les exigences, je me rappelle avoir vu une tentative de faire repasser le certificat d'étude "de l'époque" à des collégiens ... je ne comprends pas cette course au bac, au taux de réussite, au non redoublement (sans trouver d'autre solution type professionnalisation ou autre) - qui au final ne ressort rien de mieux pour les élèves.

MathieuMf a écrit:Roussote : donc par exemple les familles disloquées, ou celles qui apprennent à leurs garçons qu'ils doivent taper leur soeur si jamais elle regarde un gars avant le mariage, l'école ne fait rien pour que ça change - pour que le gamin s'en sorte et puisse "vivre ensemble" ?
Il y a des grands problèmes de société, en plus de l'éducation de base - et sur ce premier point, l'école a aussi son rôle à jouer (quitte à ce que l'info remonte aussi par les enfants).
L'école ne fait pas qu'enseigner et apprendre la réflexion, elle donne aussi des valeurs communes pour vivre en société, en France.

Mais que peut faire l'école, réellement ? On abreuve les élèves de citoyenneté, d'ECJS, de prévention contre les MST, et pour autant, ce n'est pas pour ça qu'on n'a pas des grossesses à 14 ans ou des mômes qui brûlent des nanas dans les caves. Je vois bien où tu peux en venir, mais on pisse dans un violon si les familles n'éduquent pas leurs enfants. Un professeur ne pourra jamais avoir plus d'impact qu'un parent.

Tout à fait d'accord avec Clio.
Et avec Mathieu.
Beaucoup moins avec ce que je lis d'autre. Mais hélas pas le temps de développer là.
Je reviens vite.

Bien à vous tous,
DjiAcacia.

Lux Lisbon : Ça n'empêche pas tout, mais c'est le minimum selon moi - et plus tôt tu commences à inculquer des valeurs communes, mieux ce sera (cf présentation de Duflot dernièrement concernant l'expérimentation d'orientations d'enseignement contre le sexisme). Tu en fais quoi de tes futurs citoyens sinon, tu les laisse dans leur merdier ?
Si ça permet de remettre sur la route ne serait-ce qu'une petite partie de ces gamins, ça vaut le coup.
Tu en auras toujours dont les parents ne feront rien pour leurs gamins, ou diront le contraire - mais parmi les enfants de ces personnes, tu en auras qui se raccrocheront à l'école justement, parce que c'est un repère possible.

C'est peut être mon côté optimiste, mais à toujours dire que ça ne changera rien, on ne fait rien. Je préfère faire.

Pour la grossesse et les MST, il faudrait des statistiques mais je suis convaincu que ça va beaucoup mieux. La pilule remboursée aux mineures dans les écoles devrait être un pas de plus (pas forcément pour les MST ... bon, les infirmières scolaires doivent bien être rodées au truc)

Roussote : comment penses -tu qu'on peut apprendre aux parents à être de "bons" parents , selon quelques critères?

L"école de la IIIe République éduquait, je vous assure !!! elle transmettait la morale de l'époque, qui était ce que je définissais plus haut: discipline, respect, travail ; en plus des matières scolaires basiques.
Ceux qui suivaient , tant mieux; les autres, pas grave ils trouveraient toujours du travail dans les boulots ne nécessitant pas de formations intellectuelles poussées.

Aujourd'hui, qui accepte la discipline?
Qui accepte de travailler pour obtenir quelque chose?
Quel parent est prêt à reconnaître que son petit n'est pas doué pour les études (et se dire qui'l est peut être doué pour autre chose...) ?
Qui est prêt à se soumettre à des règles de vie en société qui existaient avant 1968 ? se mettre en rang pour entrer en classe, lever la main pour parler, sortir quand le prof donne le feu vert, laisser le portable au vestiaire?

Clio : Ahhh, j'avais mis "l'uniforme" dans mes propositions en indiquant que j'étais peut être réac sur ce point, mais effectivement - tout ce que tu viens de dire Clio est pile poil dans la même lignée ...
Avant, le professeur était une référence, respecté ... maintenant, c'est juste un fonctionnaire fainéant qui n'est pas fichu de rendre intelligents les bambins qu'on lui confie ...

Tu peux caser tout ceci avec l'uniforme, je dirais même avant l'uniforme - tellement ces changement ne demandent aucun moyens financiers. Et pourtant, j'ai juste la trentaine, plutôt entre zen et babacool ... mais on voit le désastre que donne trop de laisser-aller.

J'ai envie de dire que cela dépend du professeur...

Dans la classe de ma pauvre mère, il n'y en a pas un qui rentre avec les mains sales! Et ils font leurs devoirs.
Le jour de la rentrée elle leur a donné une liste de mots à apprendre, et le lendemain elle a fait une interrogation. Ceux qui n'avaient pas appris sont restés dans la classe pendant la récré pour copier les mots.
Depuis, ils font leurs devoirs. Et ceux qui ne les font pas les font à la récré. Pauvres gamins traumatisés? Peut être, mais maintenant ils font leurs devoirs! Pas un seul en dessous de 85% de réussite en dictée... Et ce n'est pas une école remplie d'enfants "favorisés".

Les cartes sont dans les mains des professeurs: imposer leur méthode et leur expérience.

Paulati : J'adore
Et il n'y a rien de traumatisant dans tout ça ...
Elle a quel niveau ? CP pour des mots à apprendre ? (ça devient bien plus compliqué au collège)

Dans l'ensemble, les profs que j'ai préférés et avec lesquels j'ai le plus appris étaient "durs". Effectivement, j'ai du pester un peu sur le coup, mais je pestais plus quand on n'était pas fichu de suivre parce que c'était le bordel dans la classe (les gamins, quand il y a une faille quelque part, c'est terrible ... sacré métier où les nerfs d'acier sont indispensables ...)

Elle fait CM2!
Et elle a des nerfs d'acier, je confirme.

Mais même les parents la remercient à la fin!

CM2, ça commence à devenir sympa effectivement
Le plus difficile reste le collège, 5e / 4e je pense. Ma mère y a laissé sa santé (il n'y avait pas que ça, mais ça a bien aidé).

Lux Lisbon a écrit:

MathieuMf a écrit:Roussote : donc par exemple les familles disloquées, ou celles qui apprennent à leurs garçons qu'ils doivent taper leur soeur si jamais elle regarde un gars avant le mariage, l'école ne fait rien pour que ça change - pour que le gamin s'en sorte et puisse "vivre ensemble" ?
Il y a des grands problèmes de société, en plus de l'éducation de base - et sur ce premier point, l'école a aussi son rôle à jouer (quitte à ce que l'info remonte aussi par les enfants).
L'école ne fait pas qu'enseigner et apprendre la réflexion, elle donne aussi des valeurs communes pour vivre en société, en France.

Mais que peut faire l'école, réellement ? On abreuve les élèves de citoyenneté, d'ECJS, de prévention contre les MST, et pour autant, ce n'est pas pour ça qu'on n'a pas des grossesses à 14 ans ou des mômes qui brûlent des nanas dans les caves. Je vois bien où tu peux en venir, mais on pisse dans un violon si les familles n'éduquent pas leurs enfants. Un professeur ne pourra jamais avoir plus d'impact qu'un parent.

Pas mieux . (Hélas , car j'aimerais tant que les bonnes intentions de nos pédagogues aient eu un impact positif sur notre jeunesse -enfin , une petite partie , hein ! La majorité des mômes sont des gens bien ,faut pas pousser non plus !)

Re: Que feriez-vous pour l'école si vous étiez président ?

Message par Clio Aujourd'hui à 15:30
Roussote : comment penses -tu qu'on peut apprendre aux parents à être de "bons" parents , selon quelques critères?

Rappel à la loi et sanctions réelles pour les familles qui pensent faire plier la République à leur vision de la société . Il existait jadis une Ecole des parents ...qu'est ce que c'est devenu ?