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50 nuances de mépris

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Message par patos Mer 18 Oct - 8:52

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Nous analysons ici un des mécanismes mentaux qui conduit à la haine et aux passages à l’acte qui défraient actuellement la chronique. 



En français familier, donner un nom d’oiseau à quelqu’un signifie l’insulter. La première explication vient comme l’intention d’annoncer à l’interlocuteur qu’il ou elle est en déficit d’intelligence. On s’appuie là sur la conviction que la cervelle d’oiseau est moins performante que notre merveilleux cortex. Les qualités attribuées par la « sagesse populaire » aux différentes races d’oiseaux permettent de choisir finement le message que l’on souhaite faire passer. L’humour sera aussi appelé en renfort le cas échéant, afin de rendre le message digeste pour la personne visée, ou pour mettre les rieurs de son côté.

Les rapaces diurnes sont parés de qualités positives, comme par exemple la clairvoyance ( «  c’est un aigle ! » ) . On peut soupçonner qu’il y a un peu de fascination devant la force animale brute dans le succès des rapaces, que l’on peut ainsi rapprocher des grands fauves.  Mais bien souvent l’analogie avec des oiseaux recherche des aspects négatifs à mettre en avant.

L’intelligence faible sera soulignée comme tête de linotte .



Le choix s’agrandit quand il est question de femmes peu intelligentes : bécasse, dinde, pintade, oie blanche…La poule, souvent attribuée à la femme, comme par exemple la poule de luxe, peut aussi qualifier l’homme, qui pourrait être poule mouillée : serait ce alors parce qu’il n’est pas assez viril ? Se raidissant, il se fait alors coq, dressé sur ses ergots ( qui sonnent comme égo ). Le maire déchu de Paimpol disait récemment, en conseil municipal, à la maire nouvellement élue : « je te parle comme je veux ma cocotte ». Cocotte signifiait prostituée jusqu’à l’entre-deux-guerres.

Nous pourrions continuer longtemps comme cela, tant la caisse à outils pour dévaloriser son prochain est garnie. « Prochain », voilà qui nous ramène à ce fichu altruisme paroissial : la compassion/sympathie que nous donnons à nos proches, nous la soutirons à ceux qui sont nos lointains. Pour faire fonctionner ce mécanisme, nous avons besoin de clairement séparer ces deux populations. Et comment ? En nous persuadant que nous avons raison de ne pas aimer les lointains.

Tout de même, est-ce notre génétique ou notre fond culturel, on ne sait pas bien, il y a cette petite voix qui nous susurre que nous sommes tous humains, et que la solidarité de l’espèce est un devoir absolu. Bon d’accord, humains ils sont, mais tout de même moins chouettes ( tiens encore un oiseau ) que nous et nos proches. Ils sont affreux, sales, et méchants, comme dans le film. On peut ajouter bêtes, incultes, etc. « Bêtes », ben tiens, on peut utiliser tous les noms d’oiseaux , mais d’autres bestioles pas agréables en plus : rats, punaises, cancrelats, cloportes, etc.

La voilà l’arme ultime :  il faut déclarer que ce ne sont en fait pas des humains. Controverse de Valladolid, le retour ? Non, pas besoin de faire un truc officiel, suffit qu’on s’en convainque et la séparation se fait dans notre tête :  on pourra être odieux à souhait.

Jusqu’ici, on n’a évoqué que l’individu lambda.



Il y a plus fort au niveau collectif. Les idéologues, sachant que le phénomène du bouc émissaire permet de bien souder les troupes, vont industrialiser le processus.

La palme revient là évidemment à l’extrême droite, comme le rappelait Raphael Enthoven en édito pour Franc-Tireur. Que voyons-nous ? L’usage des étiquettes. Les nazis, un peu gênés par le fait que la qualité de judéité, de tzigane ou de franc-maçon ne se voit pas sur le visage, ont imposé le port des étoiles d’infâmie que l’on sait. N’étant pas au pouvoir, les actuels tenants de ces thèses ont remplacé les étiquettes physiques par des mots gluants qui collent à l’individu. Le vieux Le Pen avait commencé avec son Durafour-crématoire. Dieudonné a renchéri avec son Shoahnanas . Médine persiste avec son resKhanpée stigmatisant Rachel Khan, dont la majorité de la famille a péri dans les camps.  Nous sommes devant un soi-disant humour, qui n’engendre qu’un sinistre ricanement haineux.

Remarquons qu’ici un cap supplémentaire est franchi : on n’utilise même plus une analogie animale, mais une chose. La déshumanisation est alors achevée. 

Chers sœurs et frères, voici pourquoi je ris finalement moins qu’avant mon initiation. Comment ne pas avoir souvent à l’esprit que tant de choses rigolotes ne sont que des véhicules d’intentions négatives ? Nous sommes tant et tant à passer trop de temps à chercher le mème* rigolo sur les réseaux sociaux. Interrogeons nous sur le pourquoi cela nous fait rire . Mettons nous dans les souliers de la personne visée, ou mettons-y nos proches. Les émotions dégagées changent alors ! En tenue, nous nous appelons exclusivement SS ou FF :  ce n’est pas par hasard.  



Que ta parole soit toujours impeccable, dit le premier accord toltèque. Pour cela, éradiquons l’humour mal intentionné.



* Le terme est utilisé sur internet pour désigner tous les contenus propagés rapidement sur le réseau.
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Message par Nowak Mer 18 Oct - 21:19

"La voilà l’arme ultime :  il faut déclarer que ce ne sont en fait pas des humains."

Les Gazaouis ont été traités « d'animaux humains » par le ministre de la défense d'Israël.


Triste rappel de ce qu'en d'autres temps, d'autres traitaient les juifs de la même façon.
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Message par patos Jeu 19 Oct - 8:49

bah, le terme "chiens d'infidèle " n'est pas juif
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Message par danielsan Jeu 19 Oct - 13:47

Il n'y a pas d'animaux humains.

Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien...
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Message par Nastassia Jeu 19 Oct - 22:43

Vous me faites penser à un vieil Iznogoud, de notre regretté René Gosciny.

"- Tu n'as pas le droit de lui couper la main, c'est inhumain !
- C'est très humain, au contraire. Aucun animal ne ferait une chose pareille. "

Eh oui ! A choisir, je préfère ressembler à une pintade.  jocolor
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