rationalité/irrationalité : le match est rude !
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rationalité/irrationalité : le match est rude !
Nous humains présentons l’étrangeté d’être rationnels et irrationnels à la fois. Nous expliquons ici comment cela est possible et les moyens d’en endiguer les effets délétères : l’usage de la raison, la connaissance de nos faiblesses et la pratique de l’intelligence collective .
Nous maçons y sommes particulièrement sensibles : les croyances extravagantes semblent proliférer dans notre société, et sur les réseaux sociaux en particulier. Les faits doivent confirmer la chose, puisqu’elle a mené le président de la république à demander à Gérald Bronner d’établir un rapport sur ce phénomène. Le rapport vient d’être rendu public, il est téléchargeable gratuitement sur le site de l’Elysée : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Le rapport contient des pistes proposées afin de juguler la dérive en cours.
Tout ceci nous interpelle au sujet de l’usage de la raison comme filtre des croyances proposées de manière déferlante par les médias. Plus précisément, comment se fait il que tant de personnes intelligentes et en pleine capacité de leurs facultés de logique, maîtrisant les notions statistiques, se mettent à afficher de grossières contre-vérités ?
Bon, commençons par observer que dans beaucoup de cas les bénéfices apportés par la vérité pèsent peu face à d’autres intérêts. Par profession, l’avocat est bien plus obsédé par la victoire que par la découverte de la vérité ; il en va de même pour de nombreuses professions commerciales . Irions-nous jusqu’aux politiques, sans même parler des populistes ? Et lorsqu’il n’y a pas d’enjeu , l’égo et son besoin impérieux d’avoir raison ou le dernier mot est là pour faire dégringoler la vérité sur l’échelle des priorités : voyez les foires d’empoigne qui émaillent tant d’associations de bénévoles….dont les associations maçonniques. Le mensonge a de beaux jours devant lui !
Eh bien, si la rationalité et l’irrationalité cohabitent si fréquemment sous le même crâne, c’est parce que bien souvent elles vivent dans des domaines séparés. Nous savions déjà que dans notre cerveau cohabitent un cerveau ancien, que nous partageons avec les animaux, et un cortex qui est présent chez beaucoup moins d’espèces. D’une manière similaire, les humains divisent leur monde en deux domaines dans lesquels les choses se jouent différemment, et c’est donc cette séparation qui permet à l’ensemble de fonctionner.
Le premier de ces domaines est l’environnement physique immédiat . C’est là qu’on « se cogne » à la réalité. Dans ce monde-là, à part quelques généralisations un peu rapides, nos croyances se sont frottées à la sanction immédiate des erreurs, et sont par conséquent efficaces par leur exactitude. Les priorités sont échelonnées selon l’impériosité des besoins et ne suscitent aucune discussion. Ces règles s’appliquent même chez le plus intuitif d’entre nous.
L’autre domaine est tout ce qui se place au-delà de l’environnement immédiat et journalier, et qui est souvent moins accessible à la vérification: le passé tel qu’on se le remémore, le futur tel qu’on peut l’imaginer, les pensées des autres, le cosmique et le quantique, les légendes et mythes, le métaphysique.
Le souverain de ce domaine c’est le récit personnel qu’on s’est élaboré ; les visuels diront « le film qu’on s’est fait ». Le récit tentera de lier, avec cohérence lorsque possible, des éléments de croyance entre eux, afin de rassurer et de procurer du sens. Néanmoins, à la différence du premier domaine, ici la véracité n’est qu’une qualité non indispensable, et la vraisemblance suffit.
Enfants des Lumières que nous sommes, nous avons reçu comme devoir de rechercher la vérité, mère entre autres de la justice. Il s’ensuit que nous supportons la science, qui étend le domaine qui est sous le contrôle de la raison, au détriment de l’autre, l’univers des croyances.
Mais cela ne se passe pas ainsi chez la plupart de nos congénères humains. En occident nous sommes très nombreux à placer les croyances religieuses dans l’univers des croyances, mais chez la majorité des bipèdes de la planète, des prêtres ou gourous sont là qui les travaillent afin que croyances et récits dominent l’entièreté des consciences.
Laissons nos frères humains des contrées éloignées tracer leur chemin, mais remarquons que chez nous aussi il y a suffisamment d’idéologues et autres propagateurs de récits manipulatoires qui cherchent à polariser notre pensée jusque dans notre quotidien, parfois en utilisant comme argument qu’il faut « réenchanter le monde ».
Comment résister ? La raison vient à notre secours, en nous incitant d’abord à connaître nos faiblesses . Citons en trois.
La première est que nous sommes intuitivement dualistes : nous croyons facilement que l’esprit peut exister et vivre sans le support matériel du corps, et ce d’autant plus que toutes les religions l’affirment et que cela nous procure beaucoup d’apaisement face à l’angoisse de mort . Il s’ensuit le succès du dialogue avec les âmes des morts, des fantômes, de la télépathie.
Seconde faiblesse : nous sommes aussi fréquemment essentialistes, persuadés de l’existence de substances indétectables mais actives ; d'où le succès de l'homéopathie, de la saignée ou des purges, et l’aversion pour les vaccins.
Troisième biais : nous sommes tous téléologues, c’est-à-dire que statistiquement nous voyons derrière les événements une intention bien plus souvent que ce n’est le cas en réalité. C’est bien sûr le procès d’intention dont nous abusons tous, mais encore ce qui nous rend réceptifs à l’astrologie, à la synchronicité, au créationnisme, et enfin la conviction que rien n’arrive par hasard.
Un élément clé à ne pas oublier est notre quasi-cécité sur les erreurs que nous commettons, sous la puissance de nos biais pilotés par nos envies intimes et peu avouables, pour ne pas dire inconscientes . Là la parade est l’intelligence collective : une critique constructive des productions intellectuelles est un point de passage obligatoire pour parvenir à une solidité minimale des idées et projets : vive les relectures par les pairs des publications scientifiques, les débats en parlements ou jurys, le travail collectif en loge !
Bonne réflexion, et soyez raisonnables !
Nous maçons y sommes particulièrement sensibles : les croyances extravagantes semblent proliférer dans notre société, et sur les réseaux sociaux en particulier. Les faits doivent confirmer la chose, puisqu’elle a mené le président de la république à demander à Gérald Bronner d’établir un rapport sur ce phénomène. Le rapport vient d’être rendu public, il est téléchargeable gratuitement sur le site de l’Elysée : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Le rapport contient des pistes proposées afin de juguler la dérive en cours.
Tout ceci nous interpelle au sujet de l’usage de la raison comme filtre des croyances proposées de manière déferlante par les médias. Plus précisément, comment se fait il que tant de personnes intelligentes et en pleine capacité de leurs facultés de logique, maîtrisant les notions statistiques, se mettent à afficher de grossières contre-vérités ?
Bon, commençons par observer que dans beaucoup de cas les bénéfices apportés par la vérité pèsent peu face à d’autres intérêts. Par profession, l’avocat est bien plus obsédé par la victoire que par la découverte de la vérité ; il en va de même pour de nombreuses professions commerciales . Irions-nous jusqu’aux politiques, sans même parler des populistes ? Et lorsqu’il n’y a pas d’enjeu , l’égo et son besoin impérieux d’avoir raison ou le dernier mot est là pour faire dégringoler la vérité sur l’échelle des priorités : voyez les foires d’empoigne qui émaillent tant d’associations de bénévoles….dont les associations maçonniques. Le mensonge a de beaux jours devant lui !
Eh bien, si la rationalité et l’irrationalité cohabitent si fréquemment sous le même crâne, c’est parce que bien souvent elles vivent dans des domaines séparés. Nous savions déjà que dans notre cerveau cohabitent un cerveau ancien, que nous partageons avec les animaux, et un cortex qui est présent chez beaucoup moins d’espèces. D’une manière similaire, les humains divisent leur monde en deux domaines dans lesquels les choses se jouent différemment, et c’est donc cette séparation qui permet à l’ensemble de fonctionner.
Le premier de ces domaines est l’environnement physique immédiat . C’est là qu’on « se cogne » à la réalité. Dans ce monde-là, à part quelques généralisations un peu rapides, nos croyances se sont frottées à la sanction immédiate des erreurs, et sont par conséquent efficaces par leur exactitude. Les priorités sont échelonnées selon l’impériosité des besoins et ne suscitent aucune discussion. Ces règles s’appliquent même chez le plus intuitif d’entre nous.
L’autre domaine est tout ce qui se place au-delà de l’environnement immédiat et journalier, et qui est souvent moins accessible à la vérification: le passé tel qu’on se le remémore, le futur tel qu’on peut l’imaginer, les pensées des autres, le cosmique et le quantique, les légendes et mythes, le métaphysique.
Le souverain de ce domaine c’est le récit personnel qu’on s’est élaboré ; les visuels diront « le film qu’on s’est fait ». Le récit tentera de lier, avec cohérence lorsque possible, des éléments de croyance entre eux, afin de rassurer et de procurer du sens. Néanmoins, à la différence du premier domaine, ici la véracité n’est qu’une qualité non indispensable, et la vraisemblance suffit.
Enfants des Lumières que nous sommes, nous avons reçu comme devoir de rechercher la vérité, mère entre autres de la justice. Il s’ensuit que nous supportons la science, qui étend le domaine qui est sous le contrôle de la raison, au détriment de l’autre, l’univers des croyances.
Mais cela ne se passe pas ainsi chez la plupart de nos congénères humains. En occident nous sommes très nombreux à placer les croyances religieuses dans l’univers des croyances, mais chez la majorité des bipèdes de la planète, des prêtres ou gourous sont là qui les travaillent afin que croyances et récits dominent l’entièreté des consciences.
Laissons nos frères humains des contrées éloignées tracer leur chemin, mais remarquons que chez nous aussi il y a suffisamment d’idéologues et autres propagateurs de récits manipulatoires qui cherchent à polariser notre pensée jusque dans notre quotidien, parfois en utilisant comme argument qu’il faut « réenchanter le monde ».
Comment résister ? La raison vient à notre secours, en nous incitant d’abord à connaître nos faiblesses . Citons en trois.
La première est que nous sommes intuitivement dualistes : nous croyons facilement que l’esprit peut exister et vivre sans le support matériel du corps, et ce d’autant plus que toutes les religions l’affirment et que cela nous procure beaucoup d’apaisement face à l’angoisse de mort . Il s’ensuit le succès du dialogue avec les âmes des morts, des fantômes, de la télépathie.
Seconde faiblesse : nous sommes aussi fréquemment essentialistes, persuadés de l’existence de substances indétectables mais actives ; d'où le succès de l'homéopathie, de la saignée ou des purges, et l’aversion pour les vaccins.
Troisième biais : nous sommes tous téléologues, c’est-à-dire que statistiquement nous voyons derrière les événements une intention bien plus souvent que ce n’est le cas en réalité. C’est bien sûr le procès d’intention dont nous abusons tous, mais encore ce qui nous rend réceptifs à l’astrologie, à la synchronicité, au créationnisme, et enfin la conviction que rien n’arrive par hasard.
Un élément clé à ne pas oublier est notre quasi-cécité sur les erreurs que nous commettons, sous la puissance de nos biais pilotés par nos envies intimes et peu avouables, pour ne pas dire inconscientes . Là la parade est l’intelligence collective : une critique constructive des productions intellectuelles est un point de passage obligatoire pour parvenir à une solidité minimale des idées et projets : vive les relectures par les pairs des publications scientifiques, les débats en parlements ou jurys, le travail collectif en loge !
Bonne réflexion, et soyez raisonnables !
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