Les dogmes, ça s’impose.
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Les dogmes, ça s’impose.
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Nous nous construisons tous une belle histoire personnelle, belle parce qu’exempte de contradictions, et qui s’emboîte à merveille dans l’histoire du monde que nous nous sommes également fabriquée. Les deux histoires sont à base de simples et clairs enchaînements cause/effet …cet aspect mécanique a sans doute joué dans le succès, à l’époque des Lumières, des théories du Grand Horloger.
Nos belles histoires reposent sur nos croyances, elles-mêmes forgées à partir d’échantillons statistiques solides, ou juste notre envie d’y croire. La vérité est un concept qui n’a pas place dans cette partie de notre monde intérieur, et d’ailleurs les neurosciences ont montré que la fonction de mémorisation du cerveau inclut un automatisme de simplification ( un genre de logiciel de compression d’image ), qui comporte une routine d’élimination des dissonances cognitives et autres incohérences.
L’homme : un animal qui fait des dogmes, disait Gilbert Keith Chesterton.
Les dogmes, ce sont des croyances durcies ou sacralisées, par exemple parce qu’on pense que l’angoisse serait insupportable si elle se révélaient fausses. La peur de mourir et de ce qui se passe ensuite est un grand pourvoyeur de dogmes.
Si le dogme permet de vivre, pourquoi pas, mais pourquoi voit on si souvent des personnes qui inlassablement cherchent à imposer leurs dogmes aux autres ?
Si on croit en un dieu capable de punir, pourquoi vouloir faire le boulot à sa place ?
La première explication qui vient est l’égo et son désir de pouvoir. Peut-être ne sommes nous que des reptiles évolués, mais gardant chevillée au corps la pulsion de soumettre et dominer le monde y compris nos semblables ?
Nos combats pour la survie, lorsque nous étions chasseurs-cueilleurs, ont peut-être laissé dans nos gènes et nos hormones une agressivité atavique, nous portant à l’esprit de contradiction lors de débats.
Mais une raison complémentaire pourrait être celle-ci : nos histoires intérieures citées ci-avant se retrouvent en opposition avec celles des autres, et comme nous tenons à nos histoires et à leurs dogmes intouchables, notre besoin de cohérence nous pousse à chercher à imposer nos points de vue aux autres, par tous les moyens.
Alors, que pouvons nous faire pour respecter la liberté de penser d’autrui ?
Le premier remède, comme souvent, c’est la connaissance. Informons nous et diffusons les savoirs concernant les biais systématiques qui affectent notre jugement, concernant les dernières avancées des sciences humaines, entraînons nous à accepter la complexité et les contradictions du monde et des idées . Tant pis pour le rasoir d’Ockham : c’est un principe et non un dogme !
En passant, notons que ce n’est qu’à ce prix que nous comprendrons et respecterons correctement notre environnement.
En résumé :
· Notre évolution darwinienne nous porte probablement à soumettre et dominer, et à arborer un esprit de contradiction lorsque nous débattons
· Mais le fonctionnement de notre cerveau nous amène vraisemblablement aussi à vouloir imposer nos idées aux autres
o Par recherche de simplisme et de manichéisme ( une seule vérité : la mienne )
o Et par besoin fort de cohérence des histoires qu’on se raconte ( ou des « films qu’on se fait » )
Conclusion : faisons l’effort d’accepter la complexité et l’inhomogénéité du monde, et la coexistence de points de vue opposés.
« La bouse de vache est plus utile que les dogmes. On peut en faire de l’engrais. »
( Mao Zedong )
Z'êtes d'accord ou pas ?
Nous nous construisons tous une belle histoire personnelle, belle parce qu’exempte de contradictions, et qui s’emboîte à merveille dans l’histoire du monde que nous nous sommes également fabriquée. Les deux histoires sont à base de simples et clairs enchaînements cause/effet …cet aspect mécanique a sans doute joué dans le succès, à l’époque des Lumières, des théories du Grand Horloger.
Nos belles histoires reposent sur nos croyances, elles-mêmes forgées à partir d’échantillons statistiques solides, ou juste notre envie d’y croire. La vérité est un concept qui n’a pas place dans cette partie de notre monde intérieur, et d’ailleurs les neurosciences ont montré que la fonction de mémorisation du cerveau inclut un automatisme de simplification ( un genre de logiciel de compression d’image ), qui comporte une routine d’élimination des dissonances cognitives et autres incohérences.
L’homme : un animal qui fait des dogmes, disait Gilbert Keith Chesterton.
Les dogmes, ce sont des croyances durcies ou sacralisées, par exemple parce qu’on pense que l’angoisse serait insupportable si elle se révélaient fausses. La peur de mourir et de ce qui se passe ensuite est un grand pourvoyeur de dogmes.
Si le dogme permet de vivre, pourquoi pas, mais pourquoi voit on si souvent des personnes qui inlassablement cherchent à imposer leurs dogmes aux autres ?
Si on croit en un dieu capable de punir, pourquoi vouloir faire le boulot à sa place ?
La première explication qui vient est l’égo et son désir de pouvoir. Peut-être ne sommes nous que des reptiles évolués, mais gardant chevillée au corps la pulsion de soumettre et dominer le monde y compris nos semblables ?
Nos combats pour la survie, lorsque nous étions chasseurs-cueilleurs, ont peut-être laissé dans nos gènes et nos hormones une agressivité atavique, nous portant à l’esprit de contradiction lors de débats.
Mais une raison complémentaire pourrait être celle-ci : nos histoires intérieures citées ci-avant se retrouvent en opposition avec celles des autres, et comme nous tenons à nos histoires et à leurs dogmes intouchables, notre besoin de cohérence nous pousse à chercher à imposer nos points de vue aux autres, par tous les moyens.
Alors, que pouvons nous faire pour respecter la liberté de penser d’autrui ?
Le premier remède, comme souvent, c’est la connaissance. Informons nous et diffusons les savoirs concernant les biais systématiques qui affectent notre jugement, concernant les dernières avancées des sciences humaines, entraînons nous à accepter la complexité et les contradictions du monde et des idées . Tant pis pour le rasoir d’Ockham : c’est un principe et non un dogme !
En passant, notons que ce n’est qu’à ce prix que nous comprendrons et respecterons correctement notre environnement.
En résumé :
· Notre évolution darwinienne nous porte probablement à soumettre et dominer, et à arborer un esprit de contradiction lorsque nous débattons
· Mais le fonctionnement de notre cerveau nous amène vraisemblablement aussi à vouloir imposer nos idées aux autres
o Par recherche de simplisme et de manichéisme ( une seule vérité : la mienne )
o Et par besoin fort de cohérence des histoires qu’on se raconte ( ou des « films qu’on se fait » )
Conclusion : faisons l’effort d’accepter la complexité et l’inhomogénéité du monde, et la coexistence de points de vue opposés.
« La bouse de vache est plus utile que les dogmes. On peut en faire de l’engrais. »
( Mao Zedong )
Z'êtes d'accord ou pas ?
patos- Admin
- Messages : 5351
Date d'inscription : 15/09/2015
Age : 71
Localisation : Drôme
Re: Les dogmes, ça s’impose.
C'est un piège.Si on est d'accord on rejoint le sens commun,pas de vagues,pas d'originalité,finalement pas nécessaire d'exprimer son opinion.
Si on n'est pas d'accord alors on se met contre tout le monde,il faut prouver que l'on a raison donc rejoindre ceux qui veulent dominer.
Question subsidiaire: "Pourquoi doit on prouver quoi que ce soit?"
Ben sinon on éteint le dialogue,on n'existe plus,et alors? que se passe t'il pour les autres? rien, à moins qu'ils aient de l'affection pour vous.
Donc faut il agir pour nourrir l'affection supposée (ou l'intéret) des
autres envers vous?
Dialogue sans fin,ou bien suis je en train de nourrir un dogme moi aussi? Rien ne sert à rien ,mais ne rien faire est aussi une action,
(appelée le "non-agir" le le Wou-Wei pour les Chinois qui ont trouvé cela bien avant moi).
L'essentiel étant, comme chaque soir, que la soupe soit chaude et servie à l'heure.
Si on n'est pas d'accord alors on se met contre tout le monde,il faut prouver que l'on a raison donc rejoindre ceux qui veulent dominer.
Question subsidiaire: "Pourquoi doit on prouver quoi que ce soit?"
Ben sinon on éteint le dialogue,on n'existe plus,et alors? que se passe t'il pour les autres? rien, à moins qu'ils aient de l'affection pour vous.
Donc faut il agir pour nourrir l'affection supposée (ou l'intéret) des
autres envers vous?
Dialogue sans fin,ou bien suis je en train de nourrir un dogme moi aussi? Rien ne sert à rien ,mais ne rien faire est aussi une action,
(appelée le "non-agir" le le Wou-Wei pour les Chinois qui ont trouvé cela bien avant moi).
L'essentiel étant, comme chaque soir, que la soupe soit chaude et servie à l'heure.
_________________
"Parmi les sons qui peuplent la Nature,court une mélodie secrète....pour celui qui écoute." (Schlegel)
Luciole- Grand Maitre Suprême
- Messages : 5110
Date d'inscription : 02/01/2016
Localisation : Paris,Ile de France
danielsan- Grand Initié
- Messages : 2787
Date d'inscription : 16/02/2016
Age : 73
Localisation : HAUTS DE FRANCE
Re: Les dogmes, ça s’impose.
Me rappelle le "Sois toi même"tant utilisé.Déja difficile car il faut au préalable "Se connaitre".Un petit zeste de "Le chemin se fait en marchant" .
Pour le plaisir on ajoute "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse" ou (pour les indécis) "Fais aux autres ce que tu voudrais qu'ils te fassent".
L'imagination est sans limites et ne craint pas les redites.
Je me sens d'humeur taquine ce jour d’huis.
Pour le plaisir on ajoute "Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas que l'on te fasse" ou (pour les indécis) "Fais aux autres ce que tu voudrais qu'ils te fassent".
L'imagination est sans limites et ne craint pas les redites.
Je me sens d'humeur taquine ce jour d’huis.
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Luciole- Grand Maitre Suprême
- Messages : 5110
Date d'inscription : 02/01/2016
Localisation : Paris,Ile de France
Re: Les dogmes, ça s’impose.
ma douce épouse dit souvent " les paroles arrivent toujours quelque part " , donc il ne faut pas faire silence si les opinions divergent.
mais si nous avons en nous cette propension automatique à tout mettre en cohérence, il faudra faire des efforts en permanence pour accepter que d'autres aient d'autres points de vue et sans vouloir les "convertir".
Soit dit en passant, chez les francs-maçons on souligne la vertu d'être "aligné", c'est-à-dire posture, pensées et actes en cohérence.
Chacun ayant une liberté absolue de conscience ( enfin, dans la plupart des obédiences ), l'alignement ne concerne que l'individu.
mais si nous avons en nous cette propension automatique à tout mettre en cohérence, il faudra faire des efforts en permanence pour accepter que d'autres aient d'autres points de vue et sans vouloir les "convertir".
Soit dit en passant, chez les francs-maçons on souligne la vertu d'être "aligné", c'est-à-dire posture, pensées et actes en cohérence.
Chacun ayant une liberté absolue de conscience ( enfin, dans la plupart des obédiences ), l'alignement ne concerne que l'individu.
patos- Admin
- Messages : 5351
Date d'inscription : 15/09/2015
Age : 71
Localisation : Drôme
Re: Les dogmes, ça s’impose.
"L'ordre cosmique" est une notion que je n'ai pas clairement perçue.
J'admire les architectes Grecs qui ont su introduire ce qu'il faut de dépassement de la norme pour que la perspective pourtant mathématiquement fausse soit belle et harmonieuse,au delà des chiffres.
J'aime assez être (en toute modestie évidemment) la petite dissonance
qui humanise l’œuvre et lui donne une personnalité.
Sans compter l'ennui qui nait du convenu,de l'habituel et du "parfaitement aligné". Cohérence soit,bien sur, mais pas généralité.
J'admire les architectes Grecs qui ont su introduire ce qu'il faut de dépassement de la norme pour que la perspective pourtant mathématiquement fausse soit belle et harmonieuse,au delà des chiffres.
J'aime assez être (en toute modestie évidemment) la petite dissonance
qui humanise l’œuvre et lui donne une personnalité.
Sans compter l'ennui qui nait du convenu,de l'habituel et du "parfaitement aligné". Cohérence soit,bien sur, mais pas généralité.
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Luciole- Grand Maitre Suprême
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Date d'inscription : 02/01/2016
Localisation : Paris,Ile de France
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