La parole qui soigne dans l'histoire
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La parole qui soigne dans l'histoire
De la civilisation gréco-romaine aux psychothérapies modernes, la parole conçue comme élément de soin semble être une chose presque évidente tant son effet est important. Dans l'antiquité, les philosophes grecs portaient la parole thérapeutique, le théâtre (commun à la civilisation romaine et grecque) créait du lien et mettait en scène les difficultés (et toutes les situations classiques) de la société auxquelles les personnes s'identifiaient. La parole dominait car les médias n'existaient pas, seul l'écrit venait appuyer les textes officiels et quelques récits épiques dont chacun se délectait.
La parole comme élément de soin c'est aussi l'essence même du lien humain, l'élaboration des mots pour les maux était et demeure la meilleure manière de traiter les difficultés psychologiques "classiques". La folie elle même, telle qu'elle était décrite dans l'ancien régime, trouva dans la parole le moyen d'exprimer les mécanismes qui l'ont engendrée (apports du XIXe siècle). La parole thérapeutique, centrée sur l'autre et sur soi, comme élément de traitement des maux par les mots. En ce sens les psychothérapeutes d'aujourd'hui n'ont fait que perfectionner quelque chose qui est très ancien, encore fallait-il organiser la parole afin qu'elle ne soit plus "flottante" mais ciblée sur les difficultés rencontrées et leurs résolutions. Pour autant, une conversation sincère et impliquée constitue déjà une forme de soin, un soin issu de l'échange authentique et exclusivement consacré à la problématique rencontrée. Ou conçue comme un processus associatif, conception des choses plutôt psychanalytique (et nous savons que l'association libre fait débat). En l'occurrence, l'effet de cette association serait davantage psychothérapeutique, et permettrait de formuler les choses autrement.
Plus tard notre société a évolué, les médias sont arrivés et ont transformé les rapports. Ce qui a eu pour effet de distordre les effets du lien via la parole, car la parole passive (comme celle que l'on rencontre à la télévision par exemple) ne permet aucun échange, et polarise le sujet. Mais curieusement, les médias modernes proposent une autre manière de définir la parole thérapeutique ! Peu à peu nous retrouvons ces bienfaits au travers des associations d'écoute et d'entraide, des psychothérapeutes bien sûr, mais il nous a fallu institutionnaliser la parole thérapeutique, ou lui donner un sens particulier. Ce bref résumé vous aura intéressé j'espère ? N'hésitez pas à venir donner votre avis... Car ce que j'ai écrit est bien évidemment perfectible, et non exhaustif, c'est une proposition de discussion autour de la parole thérapeutique dans l'histoire de l'humanité.
La parole comme élément de soin c'est aussi l'essence même du lien humain, l'élaboration des mots pour les maux était et demeure la meilleure manière de traiter les difficultés psychologiques "classiques". La folie elle même, telle qu'elle était décrite dans l'ancien régime, trouva dans la parole le moyen d'exprimer les mécanismes qui l'ont engendrée (apports du XIXe siècle). La parole thérapeutique, centrée sur l'autre et sur soi, comme élément de traitement des maux par les mots. En ce sens les psychothérapeutes d'aujourd'hui n'ont fait que perfectionner quelque chose qui est très ancien, encore fallait-il organiser la parole afin qu'elle ne soit plus "flottante" mais ciblée sur les difficultés rencontrées et leurs résolutions. Pour autant, une conversation sincère et impliquée constitue déjà une forme de soin, un soin issu de l'échange authentique et exclusivement consacré à la problématique rencontrée. Ou conçue comme un processus associatif, conception des choses plutôt psychanalytique (et nous savons que l'association libre fait débat). En l'occurrence, l'effet de cette association serait davantage psychothérapeutique, et permettrait de formuler les choses autrement.
Plus tard notre société a évolué, les médias sont arrivés et ont transformé les rapports. Ce qui a eu pour effet de distordre les effets du lien via la parole, car la parole passive (comme celle que l'on rencontre à la télévision par exemple) ne permet aucun échange, et polarise le sujet. Mais curieusement, les médias modernes proposent une autre manière de définir la parole thérapeutique ! Peu à peu nous retrouvons ces bienfaits au travers des associations d'écoute et d'entraide, des psychothérapeutes bien sûr, mais il nous a fallu institutionnaliser la parole thérapeutique, ou lui donner un sens particulier. Ce bref résumé vous aura intéressé j'espère ? N'hésitez pas à venir donner votre avis... Car ce que j'ai écrit est bien évidemment perfectible, et non exhaustif, c'est une proposition de discussion autour de la parole thérapeutique dans l'histoire de l'humanité.
Invité- Invité
Re: La parole qui soigne dans l'histoire
Voilà un sujet très intéressant. Merci d'avoir pris le temps e nous le proposer Oliv.
Re: La parole qui soigne dans l'histoire
Sujet intéressant en effet. Toutefois, ne m'y connaissant pas trop sur le sujet, je vais jouer les simples spectateurs.
Je vais juste souligner un point que j'aimerai voir développer ayant une vague idée de ce qu'on peut en dire :
J'aime à penser que la poésie fait partie de ces éléments qui aident à comprendre les choses sous un autre angle, notament par le biais du procédé littéraire que l'on appelle métaphore. Il me semble que l'esprit humain a parfois plus de facilité à comprendre les choses par des imageries et des comparaisons que par les faits bruts expliqués de manière carthésienne.
Je vais juste souligner un point que j'aimerai voir développer ayant une vague idée de ce qu'on peut en dire :
Olive1968 a écrit:[...]La parole dominait car les médias n'existaient pas, seul l'écrit venait appuyer les textes officiels et quelques récits épiques dont chacun se délectait.[...]
[...]Pour autant, une conversation sincère et impliquée constitue déjà une forme de soin, un soin issu de l'échange authentique et exclusivement consacré à la problématique rencontrée. Ou conçue comme un processus associatif, conception des choses plutôt psychanalytique (et nous savons que l'association libre fait débat). En l'occurrence, l'effet de cette association serait davantage psychothérapeutique, et permettrait de formuler les choses autrement.[...]
J'aime à penser que la poésie fait partie de ces éléments qui aident à comprendre les choses sous un autre angle, notament par le biais du procédé littéraire que l'on appelle métaphore. Il me semble que l'esprit humain a parfois plus de facilité à comprendre les choses par des imageries et des comparaisons que par les faits bruts expliqués de manière carthésienne.
LordToms- Président du CAJMP
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Date d'inscription : 21/05/2012
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Re: La parole qui soigne dans l'histoire
Merci Guiz !
Mais tout à fait Tom, absolument !
La poésie permet un travail d'élaboration qui met en représentation des affects, des émotions, ce qui est utile, très utile même. C'est un procédé qui était déjà très pratiqué par les poètes anciens qui déclamaient leurs vers sur des scènes par exemple, et ces paroles étaient d'excellents moyens de parvenir à "canaliser" les affects selon moi. Oui tu as raison, d'ailleurs la métaphore est l'un des éléments clefs dans le processus de "guérison", c'est ce qu'avait compris le célèbre psychologue américain Milton Erickson (1901-1980), qui explora cette voie et créa sa fameuse méthode hypnotique. Donc en évoquant cela tu es au coeur du sujet Tom !
Nous n'imaginons pas à quel point la parole est une donnée majeure pour l'humanité, le lien, le processus relationnel qui se met en place, qu'il soit intime ou public, provoque des réactions qui nous permettent d'élaborer, y compris à l'intérieur de notre pensée lorsque nous écoutons. Un être humain privé de ce lien a de fortes chances de se voir dépérir... L'écrit occupe une autre place, c'est un autre sujet, mais dans le cadre du lien oral le processus thérapeutique me semble évident. A contrario, la parole peut nuire ou même tuer ! C'est l'autre versant, le côté obscur de la force si j'ose dire. Mais restons dans la noble et formidable dimension thérapeutique de la parole...

Mais tout à fait Tom, absolument !
La poésie permet un travail d'élaboration qui met en représentation des affects, des émotions, ce qui est utile, très utile même. C'est un procédé qui était déjà très pratiqué par les poètes anciens qui déclamaient leurs vers sur des scènes par exemple, et ces paroles étaient d'excellents moyens de parvenir à "canaliser" les affects selon moi. Oui tu as raison, d'ailleurs la métaphore est l'un des éléments clefs dans le processus de "guérison", c'est ce qu'avait compris le célèbre psychologue américain Milton Erickson (1901-1980), qui explora cette voie et créa sa fameuse méthode hypnotique. Donc en évoquant cela tu es au coeur du sujet Tom !
Nous n'imaginons pas à quel point la parole est une donnée majeure pour l'humanité, le lien, le processus relationnel qui se met en place, qu'il soit intime ou public, provoque des réactions qui nous permettent d'élaborer, y compris à l'intérieur de notre pensée lorsque nous écoutons. Un être humain privé de ce lien a de fortes chances de se voir dépérir... L'écrit occupe une autre place, c'est un autre sujet, mais dans le cadre du lien oral le processus thérapeutique me semble évident. A contrario, la parole peut nuire ou même tuer ! C'est l'autre versant, le côté obscur de la force si j'ose dire. Mais restons dans la noble et formidable dimension thérapeutique de la parole...
Invité- Invité

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