Musiques en grand

Ah, cette technique de l'époque, avec des "glissandi" qu'on n'oserait plus exécuter aujourd'hui ! Mais en même temps, il s'en dégage une telle chaleur intime qu'on a l'impression que ces messieurs jouent dans la pièce d'à côté.
Et puis, pour un repiquage de 1929, la qualité du son est remarquable.

Herodote a écrit: Mais il manque quelque chose, un troisième ou un quatrième mouvements. Elle est vraiment inachevée.

Vous croyez ? J'ai toujours développé le sentiment contraire, c'est bizarre. Peut-être est-ce de ma part un conditionnement, mais de la façon dont s'éteint l'Andante, on dirait que Schubert l'a voulu délibérément ainsi. Mais là, ce sont nos sensibilités particulières qui parlent...

Pimbi : J'avais trois ans qund Jacques Thibaud et Alfred Cortot jouaient ensemble, en 1929, cette "Sonate" qui à elle-seule (ou presque) a fait la gloire de César Franck. Il y a donc quatre vingt quatre ans de celà. Ca fait tout drôle. Partant je fais comme vous et jai l'impression que ces messieurs jouent, pour leur plisir, dans la pièce d'à côté.
Peut-être mon vieil appareil ne parvient à surmonter l'âge de l'enregistrement : pour moi c'est spelndide quand même parce que je connais l'oeuvre depuis si longtemps.

Pour ce qui est de Schubert et de son "Inachevée", il se peut que vous ayiez raison et que le musicien ait estimé que l'oeuvre était complête ainsi. J'avoue, au plaisir que j'ai à écouter Schubert, qu'un petit bout de scherzo, voire enchainé avec un "presto" ne m'auraient pas déplu.` Mais il est vrai que nous entrons là dans le domaine des sensibilités musicales personnelles. Transigeons et faisons un partage : Composez une "scherzo" et je vous fais grâce du "presto". Ca va ?

Hou là ! Si j'ai la veine littéraire, je n'ai pas la veine musicale et mes créations en la matière se bornent à do-mi-sol-do avec éventuellement une modulation dans le ton relatif, et encore, les bons jours !
J'ai essayé de composer : à chaque fois c'était d'une platitude exemplaire. On a les talents que l'on peut.
Pourtant, j'aurais aimé tâter de la composition, et je vous assure que je suis tout à fait capable de vous trousser un opéra, mais cela ne dépassera pas le niveau des Campistron opératiques que sont Meyerbeer et Halévy. Par conséquent, comme disait l'autre, puisque aut Caesar, aut nihil, mieux vaut nihil dans ce cas-là.

Nihil ? Je vous sens plein d'harmonies contenues. Votre exclamation quant au rire en témoignait il y a un moment sur le fil" Verrouillages".
Celui-ci n'est pas verrouillé, Erato merci !
Berlioz a vomi toute sa vie sur les faiseurs d'Opéras que vous citez. Il y incluait Rossini, qui vaut mieux que ses confrères en facilité. Et puis il a quand même mis trois mois pour achever "Guillaume Tell" alors qu'il n'avait mis qu'une semaine pour trousser " Sémiramis", je crois !

J'attends qu'on me réclame la preuve en quatre vers lamartiniens de l'inspiration lamartinienne de Liszt pour ce qui est de ses "Préludes". La richesse thématique du grand compositeur hongrois y éclate et prouve , malgré ses Rhapsodies Hongroises qu'il était pas qu'un "rhapsode" (je respecte l'esprit rude, devant le "rau" initial, comme vous les respectez vous-même!).

Les Allemands dans leurs actualités, valables obligatoirement en France sous l'Occapation, assortissaient les temps forts avec roulement de timbales, d'une vue d'une gueule de canon de 88 en train de tirer. Cela leur passa au moment de Stalingrad, allez savoir pourquoi!

Les militaires, c'est bien connu, aiment avant tout la grosse caisse qui leur rappelle le canon. Laissons-les à leurs fantasmes. Que cet imbécile d'Hitler (imbécile sous tous les aspects du personnage, aussi piètre stratège que piteux artiste et encore plus médiocre mélomane) ait fait son emblème sonore de Wagner ou de Liszt, cela prouve que sa nullité foncière lui aurait définitivement fermé tous les auditoires s'il n'avait eu une grande gueule. Le succès en politique est souvent d'aboyer plus fort que le concurrent : quant aux masses, elles aiment ça et avec un peu de ruse c'est un jeu d'enfant de les mener par le bout du nez.
Je viens d'écouter l'ouverture des Vêpres siciliennes : Verdi est un vrai dramaturge. Même si les livrets de ses opéras sont parfois bien tarabiscotés, surtout dans la première partie de sa carrière, il parvient à déguiser leur faiblesse par la densité dramatique de la musique.

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J'ai écouté aussi. Avec le "Philharmoniker" conduit par le Maetrissimo Claudio Abbado, celà ne peut être que Musique avec toutes les Majuscules que vous voulez.
Mais c'est qand même une Ouverture. Bâtie comme une Ouverture. Le seul à avoir raconté autre chose dans une ouverture c'est toujours le même, l'Insurpassable, Beethoven. Spécialement dans celle de "Coriolan", qui est l'une des premières que j'ai entendues dans mon tout jeune âge, avec les Concerts Colonne, drigés par Paul Paray (qui en fut un grand aussi). Je vais essayer de la retrouver.
Puis, après je vais me mettre en quète de la "Symphonie en ré" de César Franck. Je crains de n'en trover que des bouts.
A tout à l'heure. Je file à Delphes ou à Eleusis...

Les ouvertures de Verdi sont faites pour la pièce qui va suivre, à la différence d'autres compositeurs qui en écrivaient un peu comme des poèmes symphoniques, par conséquent qui sont des œuvres complètes en elles-mêmes. Je pense aux deux ouvertures, Tragique et Académique de Brahms.

Voici une "ouverture de Coriolan" de Beethoven, très mal jouée, par Les élèves de l'Ecole Municipale de Musique de Sao Paolo (Brésil).
C'est exactement pour comparer ce à quoi ressemble un orchestre bien dirigé, bien constitué et bien ispiré, que je vais aller vous chercher tout de suite/

Voici la malingre et mauvaise version (comme quoi il ne suffit pas d'avoir des jeans déchirés au genou pour être une bonne violoniste).
On jurerait un gag ! Patientez je vais vous cherchez l'autre la bonne : "Coriolan" par l'Orcheste d'etat de Bavière, avec l'effectif qu'il faut, le métier de musiciens qu'on doit avoir, et le chef qui dit mener le tut.

Voici la mauvaise version (ridicule) :

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Et voici la très bonne (Munich, sous la diretion de carlos Kleiber).

Tout y est la rage de Coriolan révolté par Rome sa patrie, et dont il fait le siège, les supplications de Veturie et Volumnie, ses mère et épouse, et l'orgueil vaincu par ces deux femmes qu'il aime, au point que le dernier soupir de révolte devient un soupir de soumission.
Ecoutez. (et comparez, s'il y a des termes de comparaison) :

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Evidemment, les gentils Brésiliens font ce qu'ils peuvent, et il y a du progrès à envisager. Les jeunes de Caracas jouent infiniment mieux.
Ce n'est pas gentil pour eux de passer directement à Kleiber. C'est un peu comme si vous proposiez d'abord Harlequin pour le remplacer par Victor Hugo.

Un peu comme Phaéton, musique très colorée, elle aussi...

Je pensais ben que vous alliez faire la comparaison avec les jeunes vénézuéliens de Caracas, que vous nous avez offerts il y quelques jours dans la Danse barbare du "Samson et Dalila" de Saint-Saëns; Rien à voir.
Je les ai connus avant sous la baguette de Dudamel et c'était fort beau.
Je ne dis pas que les jeunes élèves du Brésil ne pourront pas les égaler. L'ambiance n'y est pas. Le Chef, sans doute un professeur. Or, il n'est de bon professur en musique que pourvu d'une dose certaine d'humilité. Liszt a été un maître écouté. Franck aussi. Beethoven aurait été un fort mauvais pédagogue. Savez qui, au XIXème siècle, a laissé la trace la plus rayonnante chez tous les grands musiciens de son temps ? Jules Massenet !

Il faudra à ces jeunes Brésiliens de la rigueur. Et puis on ne fait pas jouer Beethoven , en version symphonique, avec deux violoncelles et une contre basse ! Il étaient en tout à peu près vingt sur la scène. Moins que pour n'importe quelle "Peite Musique de Nuit" de Mozart.

Qu'ils s'habituent enre eux. Mais, par les temps qui courent,avoir droit à You Tube et concourir avec des ensembles prestigieux...

Je reprendrai votre comparaison en partant du seul Hugo. C'est comme si on avait interprêté "Booz endormi" au piccolo et tout de suite après par le Philharmoniker de Berlin. On peut bien ou mal jouer. Ce n'est pas à vous, qui ne vous tolérez rien, que j'apprendrai celà.

Forcément, il est assez vain de rétrécir les effectifs au point que le son devient rachitique. Aujourd'hui, il est de bon ton de jouer Bach avec vingt instrumentistes et autant de choristes. Je possède deux versions de la Messe en si mineur, toutes les deux par Corboz : la première date de 1979, disque vinyle qui n'a jamais à ma connaissance été édité en CD ; la seconde, de 1996, en CD. J'ai l'impression de passer d'un excellent restaurant genre chez Ruffet à la soupe populaire ! Et bien, c'est pourtant la deuxième version qui est plébiscitée. Je la leur laisse : après dix mesures, je n'en peux plus : non seulement tout est rechigné, scorbutique, maigrelet, mais les tempi sont d'une rapidité qui élude toute expression profonde.
Les baroqueux ont fait du bon boulot, mais aujourd'hui ils tyrannisent tout le monde avec leur doctrine des orchestres rikiki.

Exactement !

Faut s'amuser entre potes, la musique on s'en fout. C'est qu'un prétexte !

Le Prélude de la Kovantchina, de Moussorgski, un pur chef-d'œuvre de délicatesse, une perle dans son écrin. Il décrit l'aube sur la campagne russe :

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Un bain de fraicheur, très russe, où la querelle des commentateurs pour savoir quel est le plus grand orchestre pour incorporer les clarinettes de Szell, fait figure de discussion de techniciens.
Et précisément, cette musique, trop brève, ne trouve sa respiration que les yeux au ciel et les mains sous la nuque.
Il y a une magie de Moussorgski.

Oui, une magie envoûtante, noire parfois, tragique, russe en un mot. Je joue régulièrement les Tableaux d'une exposition, et cette musique me fascine par son aspect avant-gardiste, sa profonde inspiration et l'extraordinaire puissance dont elle arme le pianiste qui l'exécute.

Je me suis souvent posé la question de savoir s'il s'agissait d'une "vraie" exposition ou si Mossorgski s'en était fariqué une, cérébrale, pour inspirer la musique qui était en lui. La Grande Porte de Kiev est un monument tel qu'il fiche en l'air toute ma théorie !
Pour nos éventuels lecteurs, je rappelle que ces "Tableaux" composés pour piano par Moussorgski (et ce sont ceux que vous jouez) ont été orchestrés par Maurice Ravel.

Je ne comprends plus rien à ce qui se passe ici !...