Artaud et l'Ombilic des Limbes

J'écrivais il y a quelques jours dans un topic qu'un livre me fascinait, celui-ci :

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L'ombilic des Limbes, d'Antonin Artaud.

Artaud est assez connu pour ses théories sur le théâtre mais c'est plutôt l'aspect du personnage qui se questionne, en souffrance qui m'attire chez lui.

Dans cette édition, l'Ombilic est précédé d'une première partie "correspondance avec Jacques Rivière". Artaud souhaiterait que ses poèmes soient publiés dans la Nouvelle Revue Française, mais il s'oppose au refus de Jacques Rivière qui ne trouve non pas ses poèmes inintéressants, mais peu dans la lignée de ce qui est déjà édité : se pose alors la question de "l'existence littéraire".

Artaud se décrit comme "souffrant d'une effroyable maladie de l'esprit", victime d'une "maladie qui affecte l'âme dans sa réalité la plus profonde, qui en infecte les manifestations. Le poison de l'être. Une véritable paralysie. Une maladie qui vous enlève la parole, le souvenir, qui vous déracine la pensée". Ce qui me fascine, c'est cette capacité qu'Artaud a à analyser son esprit (enfin, à essayer), la force avec laquelle il exprime ce qu'il ressent, cette impression de ne pas pouvoir se posséder pleinement.

Dans l'Ombilic des Limbes, on ne trouve pas uniquement que de la poésie : poèmes en vers, prose, lettres se mélangent, et même une petite pièce de théâtre à la fin. Le thème de l'angoisse est celui qui me saisit le plus :
"il y a un mal contre lequel l'opium est souverain et ce mal s'appelle l'Angoisse, dans sa forme mentale, médicale, physiologique, logique ou pharmaceutique, comme vous voudrez.
L'Angoisse qui fait les fous.
L'Angoisse qui fait les suicidés.
L'Angoisse qui fait les damnées.
L'Angoisse que la médecine ne connaît pas.
L'Angoisse que votre docteur n'entend pas.
L'Angoisse qui lèse la vie.
L'Angoisse qui pince la corde ombilical de la vie".

Enfin, cette partie est suivie de Le pèse-nerfs et autres textes, mélange de poèmes, de récits, de lettres, de propos.
C'est là qu'on retrouve des passages assez connus comme "toute l'écriture est de la cochonnerie" (page 106 de la présente édition). C'est une partie plus variée dans laquelle on retrouve le thème de l'angoisse, de la (dé)possession de soi, le suicide, des idées surréalistes etc ... Cette partie m'attire moins, je sélectionne souvent.

La préface d'Alain Jouffroy commence ainsi " Quand on a lu Artaud, on ne s'en remet pas." : il a raison, je ne m'en suis jamais vraiment remise.

Et bien je vous crois sur parole!! Aussi je ne lirai pas Artaud, car de "ce qu'on ne se remet pas" je crois être, comme obélix, tombé dedans tout petit.

.... autant dire que je brule d'envi de le lire qd même!! parce que je ne vois pas vraiment à quoi on peut échapper AU FOND!

Je l'ai justement racheté l'autre jour ! Je n'en ai qu'un souvenir très vague mais j'avais depuis un moment envie de le relire car effectivement, je me souviens d'un certain choc. Je reviendrai par ici quand je m'y serai collé.

Pas pour être hors sujet , juste que c'est une personne que je vois souvent , en ces temps ... Je parle d'artaud ... et de fil en aiguille , j'ai pensé à cette chanson , ça reste une découverte ...ou une incitation à approfondir ...

Pr. Platypus a écrit:Je l'ai justement racheté l'autre jour ! Je n'en ai qu'un souvenir très vague mais j'avais depuis un moment envie de le relire car effectivement, je me souviens d'un certain choc. Je reviendrai par ici quand je m'y serai collé.

j'ai hâte

langelin a écrit:

Pas pour être hors sujet , juste que c'est une personne que je vois souvent , en ces temps ... Je parle d'artaud ... et de fil en aiguille , j'ai pensé à cette chanson , ça reste une découverte ...ou une incitation à approfondir ...

Je pense plutôt à ça moi :


mais c'est bien différent de ce que tu proposes

Je ne connaissais pas ce titre, mais j'aime assez, pas que la musique, les paroles, surtout. Merci pour la découverte.

C'est ce morceau (une fois de plus) superbe de Saez qui m'a donné envie de redécouvrir ce grand monsieur , devenu icône des écorchés vifs et incarnation de la souffrance exacerbée que provoque chez certains l'unique fait d'être en vie ... écoutons le...

Il me semble que dans ses propos se dessine une forme de révolte, que je trouve plus philosophique que poétique, presque militante, avec une touche de surréalisme. En tous cas c'est ce que j'ai ressenti. Par moment il me rappelle Baudelaire, et à d'autres Zola ou Hugo... Enfin, c'est très personnel. En tous cas c'était un personnage étonnant, pour le moins.

C'est là où il est devenu une sorte d'icône car d'une façon romantique il est le révolutionnaire qui va jusqu'à utiliser la maladie mentale pour fustiger la société et ses normes étroites

Olive1968 a écrit:Il me semble que dans ses propos se dessine une forme de révolte, que je trouve plus philosophique que poétique, presque militante, avec une touche de surréalisme. En tous cas c'est ce que j'ai ressenti. Par moment il me rappelle Baudelaire, et à d'autres Zola ou Hugo... Enfin, c'est très personnel. En tous cas c'était un personnage étonnant, pour le moins.

C'est tout à fait vrai ...

Voila le genre de phrase d'Oliv qui me donne grave envie de lire le bouquin.

HS : c'est cool de voir la section Littérature qui se développe comme ça

Comme tu dis l'ami !