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American Beauty

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American Beauty  Empty American Beauty

Message par Gizmo Jeu 22 Nov - 11:11

Voici une critique parue sur le site La Philosophie
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American Beauty, ou la philosophie de l’ennui

American Beauty, film philosophique, est un portrait au vitriol de l’Amérique des années 2000, une Amérique dont l’ennui est aussi grand que sa prospérité. La thèse du réalisateur, Sam Mendes, est que le soi-disant rêve américain, ce mode de vie aseptisé et consumériste, éteint la subjectivité et son potentiel créatif. Le personnage principal cherchera ainsi à se désaliéner du piège de la classe moyenne, de cet homme moyen qu’il est devenu (homme moyen dont parle Sartre dans ses Cahiers pour une morale).
Résumé du film :

Lester Burnham, la quarantaine, est pris au piège dans un mariage vide de sens et sans plaisir. Sa fille le déteste et son travail est aussi ennuyeux que ses soirées en famille. Lester est un homme qui rate sa vie, mais il va tenter de dire « non » à ce destin morne offert par l’american way of life. Pour cela, il quitte son emploi, cherche à rénover son mariage et améliorer les relations avec sa fille, et enfin et surtout, développe une passion sans mesure pour une jeune adolescente (Angela), amie de sa fille …
Analyse :

Sam Mendes a surement lu Pot-Bouille de Zola, tant la mécanique narrative à l’œuvre dans American Beauty est identique : le hiatus entre l’apparence, celle de l’opulence et du bonheur, et l’être, celui d’une misère affective, de violence tue et d’indifférence crue. Cette dialectique entre l’interne et l’externe, la forme et le fond, le paraître et l’être renvoie à la conception d’une société inauthentique, dans laquelle les rapports (sociaux et familiaux) sont voués à l’échec. Chacun des personnages, totalement blasés, poursuivent pathétiquement leur quête : Carolyn, la femme de Lester, prend un amant dont la réussite est plus éclatante que celle de son mari ; sa fille, adolescente intelligente et complexée, présente le point de vue le plus lucide sur la situation générale, preuve de la désillusion de sa génération (son petit ami sera d’ailleurs bien loin du gendre idéal : bizarre et sortant d’un hôpital psychiatrique, causant l’hystérie de sa mère autant que la méfiance de son père). Elle traduit de manière immédiate ce que les autres personnages peinent à voir : le mensonge du rêve américain.

L’aliénation est aussi au cœur de la thèse du film : les personnages sont enfermés dans une routine, traduite par la discipline quasi-militaire imposée par la femme de Lester. Les vêtements de Jane et son attitude de repli sur soi renforcent également cette idée. Le sujet moderne est donc un sujet aliéné, aliéné par l’image qu’il veut renvoyer de lui-même (cf. la poursuite hystérique de la femme de Lester ou Lester lui-même souhaitant « être beau tout nu » et faisant de la musculation à cet effet, ou encore Angela qui campe un personnage de séductrice bien loin de ce qu’elle est en réalité).

Face à l’ennui et à l’angoisse existentielle, quelle autre option se présente au sujet moderne ? L’évasion esthétique. En effet, Mendes semble faire de la passion et du rêve la vraie réalité à affirmer pour le sujet. Mais sa manière de le faire, via une pathétique et stérile passion homme mûr / adolescente, semble indiquer que même cette tentative est vouée à l’échec : Lester ne parviendra pas à ses fins avec Angela. Ce n’est au fond que sa propre mort qui soulage Lester de la vacuité de son existence. Lester, dont le prénom lui-même indique un personnage englué, empesé dans la quotidienneté, arrivera à se « délester » de lui-même.

Ceci fait penser au poème « Clown » de Henri Michaux :

« Un jour.

Un jour, bientôt peut-être.

Un jour j’arracherai l’ancre qui tient mon navire loin des mers.

Avec la sorte de courage qu’il faut pour être rien et rien que rien »
Conclusion sur le film American Beauty

Il est étonnant que ce film ait été un succès populaire, tant la lenteur de la mise en scène, la complexité de ses thèmes et le pessimisme de son analyse sont prégnants. Film existentielle, American Beauty n’est pas sans rappeler le premier roman existentialiste de Sartre, la Nausée : Roquentin, comme Lester, cherchera en vain à dépasser son dégoût existentiel dans l’expérience esthétique …
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Message par Anna K Dim 9 Déc - 16:25

C'est très intéressant! Merci.

J'adore ce film, il fait partie de ceux qui m'ont marquée.
Le rapprochement avec Pot-Bouille me paraît assez pertinent.
Je trouve que le film aborde la question identitaire, "comment fait-on pour trouver qui on est, et comment fait-on pour que ce qu'on est soit en adéquation avec le monde qui nous entoure".
Jane et Ricky donnent une note positive, optimiste je trouve. Eux semblent s'approcher de la lucidité.
"la lucidité est la blessure la plus proche du soleil". (René Char)

Ce qui m'a plu dans ces personnages, c'est qu'ils portent un regard sur le monde à la fois objectif et ouvert à la beauté, réceptif à la poésie. Ils représentent une certaine forme d'amour, qui s'oppose à l'amour destructeur ou passionnel, présenté sous sa forme malsaine, et à l'amour parental, qui dans ce film, n'est guère positif.
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Message par DjiAcacia Dim 9 Déc - 18:12

Est-ce dans ce film qu'est filmé un sac plastique tournant par l'effet du vent, aux abords d'une porte de garage, vu de la chambre d'un adolescent?

J'avais adoré cette image. Très belle réalisation.
Mais ma mémoire me joue parfois des tours, j'avais vu ce film à sa sortie, et ce n'était pas tout à fait hier... Wink

Bien à vous,
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Message par Anna K Dim 9 Déc - 22:43

Oui, c'est bien dans ce film qu'on voit cette belle image, DjiAcacia. Smile

(Hs, mais j'aime bien votre signature.)
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American Beauty  Empty Re: American Beauty

Message par DjiAcacia Lun 10 Déc - 0:18

Ah ! Merci j'avais un doute. Mais la poésie de cette scène m'avait beaucoup marqué.
Merci pour le compliment également.
Une phrase simple à laquelle je pense souvent.

Bien à vous,
DjiAcacia.
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