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Une bonne définition de la phénoménologie

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Une bonne définition de la phénoménologie  Empty Une bonne définition de la phénoménologie

Message par giraudet Mer 25 Sep - 10:17

• La phénoménologie – Husserl
La phénoménologie et les arbres en fleurs

Edmund Husserl (1859-1938) est assis à son bureau de travail dans sa maison de Göttingen. Nous sommes en 1910. Le philosophe est en train de rédiger ses Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique, manuscrit sur lequel il travaille depuis des années et qu’il a maintes fois repris et remanié.

C’est le printemps et le philosophe austro-allemand aperçoit par la fenêtre un arbre en fleur. Cet arbre, pense-t-il, est peut-être un bon moyen pour expliquer quelques-unes des idées clés de la nouvelle philosophie qu’il est en train de concevoir : la phénoménologie.
La science des essences

Prenons cet arbre en fleur, écrit Husserl, « c’est la chose, l’objet de la nature que je perçois ; là-bas dans le jardin ». Ceci est un arbre réel, mais fermons les yeux et oublions cet arbre pour penser à la notion d’arbre.

Alors que la nature nous présente des objets réels sous différents états – platane, sapin ou cerisier en fleur –, la pensée peut en extraire un schéma abstrait, une idée pure, une « essence » qui transcende toutes les figures contingentes. L’idée d’arbre est bien formée d’un tronc et de branches. C’est la forme générale, le « noyau commun » qui s’impose lorsqu’on pense à un arbre. Ces idées pures, ou « essences », qui organisent notre pensée et donnent du sens à l’objet, voilà l’objet de la phénoménologie. Elle doit, selon Husserl, proposer une nouvelle voie pour la philosophie

Husserl fut d’abord mathématicien, passionné par la théorie des nombres. Scientifique, soucieux de rigueur, il conçoit la pensée comme une démarche devant aboutir à des conclusions universelles et irréfutables. Il a emprunté à son professeur Franz Brentano (1838-1917) la notion d’« intentionnalité ». Pour Brentano, cette dernière désigne cette capacité particulière de l’être humain à forger des « représentations » – qu’il s’agisse d’une orange, d’une souris ou d’un enfant –, qui ne sont pas des images objectives. Elles portent la marque du sujet qui les produit : de ses désirs, de sa volonté, de son « rapport au monde ». La représentation est dite « intentionnelle » lorsqu’elle exprime le sens que l’individu attribue aux choses. « La conscience est toujours conscience de quelque chose », proclame Brentano.

La théorie de l’intentionnalité de Brentano avait vivement impressionné Husserl. Mais son « psychologisme » (qui supposait une totale subjectivité des états mentaux) heurtait l’esprit du mathématicien. Comment donc conjuguer la logique (et ses vérités universelles) et le psychologique (et sa subjectivité) ? Husserl entrevoit alors une façon de résoudre le dilemme en « fusionnant » la théorie de l’intentionnalité de Brentano et les conceptions universalistes des mathématiciens.
Des recherches logiques à l’eidétique

Il commence alors à rédiger ses Recherches logiques (publiées en deux parties en 1900-1901), dans lesquelles il expose sa découverte. En géométrie, un rectangle est une figure aux caractéristiques universelles : c’est une figure à quatre côtés, dont les angles sont droits. On peut faire varier la taille du rectangle, changer sa largeur ou sa longueur, son essence de rectangle reste la même. Husserl appellera par la suite « variation eidétique » cette démarche qui consiste à modifier par la pensée les caractères d’un objet mental afin d’en dégager l’essence (renommée eidos). Il voudrait alors transposer cette méthode à la perception en général.

Ainsi, lorsque je perçois un objet rectangulaire – une table, un livre, une fenêtre –, je vois en lui à la fois un objet physique et une forme géométrique (le rectangle). Le rectangle est un être mathématique universel, une essence, même si on l’appréhende toujours sous des formes empiriques.

Dans ses Idées directrices pour une phénoménologie pure et une philosophie phénoménologique (qu’on cite généralement « Ideen » en raccourci) Husserl synthétise sa pensée et expose donc son projet : la phénoménologie est la « science des phénomènes » (au sens de phénomènes mentaux) car « elle s’occupe de la conscience ». Alors que la psychologie étudie les comportements et les faits psychiques en laboratoire, la phénoménologie veut en extraire les « essences ». À ce titre, elle est une « science des essences » ou « science eidétique ». Sa démarche repose sur l’« époché » ou « mise en parenthèse » du monde. Car pour s’occuper des essences, il faut « mettre le monde hors circuit » pour axer son esprit sur les idées pures. L’essence de la fleur n’est pas la rose, la marguerite ou la violette : c’est une plante à pétales colorée : voilà ce que toutes les fleurs on en commun. Cette essence de la fleur n’est pas une définition scientifique, c’est ainsi que la conscience la perçoit et l’appréhende spontanément. L’idée de fleur, d’arbre ou d’humain tel est l’objet de la phénoménologie.

Husserl pense enfin avoir jeté les fondements d’une philosophie nouvelle dont le champ d’investigation s’ouvre à tous les phénomènes mentaux : souvenir, rêve, expérience esthétique, croyance religieuse.
Qu’est-ce qu’une pomme ?

Qu’est-ce qu’une pomme ? Un fruit rond, rouge, jaune ou vert, qui se mange, a un goût sucré et qui croque sous la dent. Mais pour un chat : que représente-t-elle ? Il ne voit pas ses couleurs (les chats sont aveugles aux couleurs) ; il ne la mange pas. Pour lui, c’est un objet aussi insignifiant qu’une pierre. Le chat et l’humain perçoivent la pomme de façon bien différente.

Dans Phénoménologie de la perception, Maurice Merleau-Ponty (1908-1961) a montré, dans la lignée de Husserl, combien la perception de notre environnement était liée à notre corps, d’une part, et aux relations de désir, d’amour, d’indifférence, qui nous lient aux objets qui nous entourent. Nous vivons dans un monde entouré d’objets. Ils nous apparaissent comme des réalités objectives, mais c’est notre rapport au monde qui définit la valeur, le sens que nous leur donnons.
Les héritiers de la phénoménologie

À partir des années 1920, de nombreux philosophes vont se rallier au programme ouvert par la phénoménologie, dont Max Scheler. Husserl attire à Fribourg des étudiants comme Hans G. Gadamer, Eugen Fink, Emmanuel Levinas, Herbert Marcuse. Le plus brillant d’entre eux est le jeune Martin Heidegger, dont Husserl fait son plus proche collaborateur et qu’il considère comme son fils spirituel.

Par la suite, la phénoménologie va pénétrer en France avec Maurice Merleau-Ponty et Jean-Paul Sartre, puis Paul Ricœur et bien d’autres comme Jean-Toussaint Desanti, Michel Henry, Jean-Luc Marion… Les uns exploreront les rapports de l’homme au temps, à la mort, à son angoisse existentielle ; les autres verront dans la phénoménologie un outil pour comprendre la perception, l’imagination, le sens artistique, les idées mathématiques ; d’autres encore y trouveront une pensée de l’homme plongé dans l’histoire.

L’œuvre de Husserl a également influencé des approches en sciences humaines, notamment la psychanalyse existentielle du psychiatre suisse Ludwig Binswanger (1881-1966) et la sociologie phénoménologique d’Alfred Schütz (1899-1959).

Tout un courant des sciences cognitives tente également de tracer un pont entre la phénoménologie et l’étude des représentations mentales.

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Message par yaka Jeu 26 Sep - 20:58

m'en fiche de ce que pense mon chat de mes pommes
j'aime pas ses croquettes !


Merci pour cette découverte, Giraudet.
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Message par giraudet Ven 27 Sep - 11:14

Merci Yaka ! En effet l ' image du chat et sa perception de la pomme est fort parlante !

Je rajoute ce lien concernant le rapport entre phénoménologie et psychiatrie car je trouve que c'est peut-être l'aspect le plus intéressant de cette belle démarche de pensée qu'est la phénoménologie.

Le Journal de la philosophie : Rêve et existence .

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