Peine de mort

Au delà de la pensée unique qui consiste à dire que la peine de mort est mal, Quelle est votre position sur la peine capitale et quel cheminement vous a amené à vous positionner ? C'est bien sur la deuxième partie de la question qui est intéressant. Je vous raconterais moi point de vue et celui de ma collegue qui est radicalement différent dans la foulée.

Je suis contre le fait de donner la mort à qui l'a pourtant donnée à sa ou ses victimes car c'est se mettre au même niveau d'abjection que ces êtres abjects.

Cela dit, il est bien évident qu'il faut les mettre hors d'état de nuire et ne surtout pas les laisser en liberté mais alors, quelle serait la solution "idéale" ?

Réhabiliter des pénitenciers plus humains qu'ils ne l'étaient autrefois, j'entends par là avec suivi psychologique ou psychiatrique mais sans sévices d'aucune sorte, le but étant de rendre "humain" qui ne l'est pas ou plus ?

Est ce la peine de mort qui est condamnable ou sa mauvaise utilisation ? (politique, démagogique, sur accusations contestables et contestées, etc.)

Amédée... pan ! a écrit: le but étant de rendre "humain" qui ne l'est pas ou plus ?

Ma collegue est plus radicale. Elle pense que supprimer ces personnes dangereuses pour la société n'est pas un problème dans la mesure où ils ne sont plus humains en cas de récidive par exemple.

Je pense qu'une société qui tue ses citoyens ne peut qu'engendrer la violence.
Oeil pour oeil, dent pour dent ? La loi du Talion est dépassée.

Laissons ce barbarisme aux talibans et apparentés.
A ce titre, les States sont une honte pour le monde dit "démocratique".
Quand on sait qu'un tiers des nations répertoriées par l'ONU appliquent la peine de mort, on se dit que le Moyen-Âge n'est pas encore derrière nous.

rbbe41 a écrit:

Amédée... pan ! a écrit: le but étant de rendre "humain" qui ne l'est pas ou plus.

Ma collegue est plus radicale. Elle pense que supprimer ces personnes dangereuses pour la société n'est pas un problème dans la mesure où ils ne sont plus humains en cas de récidive par exemple.

Les mettre hors d'état de nuire, d'une façon ou d'une autre mais donner la mort me semble être la solution de facilité et, comment dire... oserais-je ?... une punition trop "douce" ?

L'idée d'une ile dans laquelle ils seraient parachutés, livrés à eux même, avec leurs semblables, vivant en autocratie, donc de leur productions alimentaires ..., me plait assez.
Il y a eu un film sur ce thème, il me semble.

eric a écrit:L'idée d'une ile dans laquelle ils seraient parachutés, livrés à eux même, avec leurs semblables, vivant en autocratie donc de leur productions alimentaires ... me plait assez.

Mais... ne s'entre-tueraient-ils pas ? L'instinct de survie et donc l'entraide prendraient-ils le dessus sur leurs vils instincts meurtriers et sanguinaires, vous pensez ?

Oui mais s'ils parvenaient à s'échapper de cette île ?

En ce sens, le bagne avait du bon. Cayenne, l'endroit d'où on ne s'évade pas. Vous avez vu le film "Papillon", avec Dustin Hoffman ?

Je ne sais plus si j'ai vu le film mais récemment j'ai lu le livre, un vrai pavé.

Il y a peut-être une dimension économique à prendre en considération. Le condamné ne coûte plus rien à l'Etat.

Le sujet m'intéresse, et j'ai lu vos avis et suggestions avec beaucoup d'intérêt. Mais c'est aussi un sujet complexe, alors il me faudra un peu de temps pour vous soumettre une opinion. Mais je le ferai !

Bien à vous chers amis.

Au niveau de la cité, la question de la peine de mort ne se pose pas en termes de dissuasion, ni même de technique répressive, mais en termes de choix politique ou de choix moral.

Au niveau de l'individu, je pense que celui qui commet des actes susceptibles d'encourir la peine de mort, n'a pas... peur de la mort.

Alors oui, l'envie première est de dire, celui qui a commis des atrocités, donné la mort, récidivé (un crime) etc. mérite incontestablement la mort. Mais sur le fond, n'est-ce pas une sanction trop douce ? Etre enfermé entre 4 murs pendant 22 ans minimum (peine de sûreté) est beaucoup plus dur moralement. Sous réserve que ladite peine soit prononcée. Mais cela a un coup : prison, gardien, entretien, nourriture, etc. Donc l'idée de l'île - poubelle semble cohérente. Cela a existé : rappelez-vous, c'est le territoire que l'on appelle Australie aujourd'hui (criminels UK & US)...

Et quoiqu'il en soit, a partir du moment où l'homme se doit de douter, vérifier, analyser, il ne peut voter la mort.

Spirale écrit :

Je pense qu'une société qui tue ses citoyens ne peut qu'engendrer la violence.
Oeil pour oeil, dent pour dent ? La loi du Talion est dépassée..

Et que penser d'une société où certains citoyen s'octroie le droit de tuer, sachant que la loi les protègera d'un tel sort pour eux-mêmes ?

Et si la loi du Tallion n'équivalait qu'à cette sentence : Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse.

Et que penser d'une société où certains citoyen s'octroie le droit de tuer, sachant que la loi les protègera d'un tel sort pour eux-mêmes ?

Tu penses a quoi ?

Je pense au criminel qui se donne le droit de tuer en sachant que la justice l'épargnera d'un tel sort.

C'est l'éternel problème social et judiciaire, l'interconnexion entre la prévention, le crime, la justice, et la répression. Montesquieu avait abordé la question de cette interconnexion dans "De l'esprit des lois" (1748), où il expose se conception de l'équité et des peines, ainsi que les conditions de détentions (déplorables à son époque).

Suis-je personnellement pour ou contre la peine de mort ? Je n'en sais rien ! Si ! (sérieusement) Par moment, ma colère dépasse mon esprit de raison, et j'aurais tendance à me dire qu'il serait bon de "supprimer" certains individus comme les dictateurs ou les terroristes (qui n'ont plus de conscience humaine) ! Et, lorsqu'y réfléchis sérieusement, je me rends compte à quel point ce fait est un véritable gâchis ! J'insisterais plutôt sur la prévention, certes plus facile à dire qu'à faire, surtout dans certaines sociétés. Mais c'est ce vers quoi nous devons tendre, nous n'avons pas le choix. La peine de mort ne supprimera pas le crime, aussi odieux soit-il, ce moyen n'est pas assez dissuasif (Pour preuve lorsqu'elle était en vigueur en France, la crime ne se portait pas si mal), et la prison à vie semblerait mieux indiquée. La question profonde c'est celle qu'à soulevé Amédée, à savoir que nous ne pouvons pas appliquer systématiquement la loi du talion, cela nous rabaisserait (effectivement) au niveau du crime lui même.

Je pense que la société humaine doit évoluer à la base, dans ses propres fondements. Tous les principes éducatifs et sociaux doivent être revus, en ce sens que si nous ne le faisons pas, nous risquons d'être engloutis dans un mouvement perpétuel qui serait insupportable. Aujourd'hui la loi est complètement désaxée, elle joue sur des principes faussés, des textes inapplicables et inappliqués ! La confusion judiciaire profite toujours au crime, car la défense y trouve toujours des failles, c'est élémentaire. J'ignore si la justice idéale existe, et si elle existera un jour. Mais je reste persuadé qu'il faut traiter le problème en amont, là où l'humanité pêche : La prévention. Oui, c'est difficile. Et c'est un peu le même problème dans les pays totalitaires, ils ne peuvent changer, évoluer que de l'intérieur, car ce sont eux qui traitent leurs propres systèmes.

Dans l'état actuel des choses, je n'ai pas de solution. Mais il faut impérativement en trouver ! Car le crime a atteint un niveau alarmant dans notre société, c'est dramatique. Donc, il faut d'abord agir, et ensuite tendre vers une société plus équitable, et moins répressive; mais c'est une affaire longue, très longue...

Montrer l'exemple en étant au mieux avec ses semblables, plus solidaire, moins égoïste, plus fraternel, que pouvons-nous faire de plus pour le moment ?