Petites pensées du soir

Ce soir j'ai décidé, d'être un mouton noir. J'ai décidé de bouder la grande messe de père télévisor. Je ne ferme pas mes volets et je regarde par la fenêtre, et au dela du brouaha de la ville je sens le vent et vois la lune qui me rappelle que le vrai monde existe.

Superbe, Louis !
Continue !

Ce fofo va devenir le rendez-vous des songe-creux, des avaleurs de frimas ! Ressaisissez-vous, Olive, Louis, avant qu'il soit trop tard ! Que me parlez-vous de brumes échevelées, de moutons noirs et de lune à l'horizon ? Un bon gigot de mouton, noir ou non, avec un Léoville-Lascaze, voilà la vraie vie ! Un Island Whisky tout blanc aux senteurs parfumées, la danse du ventre de la voisine sur la table, et vas-y que je lui tapote les fesses, quelques bons rots ponctuant quelques bons mots, c'est le secret du bonheur. Et pour couronnement de cet épicurisme rabelaisien, des chansons de cabaret à faire frémir madame Boutin.
Allons, soyez sérieux, revenez parmi nous, il est encore temps, j'ai peur pour vous, je vous vois déjà vous décorporant pour vous mêler aux quatre éléments qui achèveront la besogne en vous liquéfiant molécule à molécule...

Laisse-les, Pimbi !
Les doux entreront au Royaume de Dieu !

Et les durs au royaume du pieu.
Ils m'inquiètent, je les sens tout près de se désagréger : un jour, on ne les reverra plus, leurs mains auront disparu, leur chair se sera fondue dans l'éther de l'azur, ils seront devenus des substances impalpables satellisées autour du globe et voletant de deux petits ailes invisibles au-dessus des basses contingences de ce monde-ci.
Il faut faire quelque chose...

Certes.
Tuons-les tous. Dieu reconnaîtra les chiens.

Déjà, ils ne sont plus connectés, on voit ça en haut à droite : ça y est, je te dis, ils se sont dissous, ils n'existent plus qu'en tant qu'atomes rendus à leur primitive intégrité.
Hélas, nous les avons perdus !!!

Requiescant in pace.

Pimbi a écrit:
Allons, soyez sérieux, revenez parmi nous, il est encore temps, j'ai peur pour vous, je vous vois déjà vous décorporant pour vous mêler aux quatre éléments qui achèveront la besogne en vous liquéfiant molécule à molécule...

La chair est périssable, mais pas l'aura qui nous entoure de son halo spirituel est scintillant...

Il est en grande forme notre ami Pimbi, n'est-il pas ?

Ouais ! En forme de poire...

C'est ce que disait un copain à moi, il me faisait rire avec ça !

Hé Nelson, et si tu nous composais un petit poème de derrière les fagots ?

Je l'ai déjà dit; mon français ne me permet pas de poéter.
Même derrière les fagots...où je fais autre chose, par Toutatis !

Dommage...

Il est trop modeste, notre Nelson. Allez, je vous en fait un, de poème, enfin dans un genre un peu spécial, écrit à trois heures du mat' en revenant de chez Juju.

Il avait la braguette ouverte :
C'était qu'il voulait uriner.
Il sort le truc d'un geste alerte
Et pousse un grand soupir du nez.

Ouf ! Il pisse bien dru, dis donc !
Qu'est-ce qu'il a dû picoler !
Du whisky, sûrement du bon ;
Celui qui vous fait vous lever

Trois fois au moins pendant la nuit,
La tête lourde et le pas lent,
Pour vous traîner jusqu'au déduit
Des émonctoires accablants.

On n'est pas toujours en goguettes,
Lorsqu'on a trop abusé,
Du whisky ou de l'anisette,
Il faudrait toujours s'aviser.

Signé : un fêtard qui n'a pas froid aux yeux.

Ni aux yeux ni au zi...

Té, camarade, c'est du vécu, ça !

Bravo Pimbi ! Ce poème contient un zeste de Rimbaud, et une touche de Rabelais !

Pimbi a écrit:Il est trop modeste, notre Nelson. Allez, je vous en fait un, de poème, enfin dans un genre un peu spécial, écrit à trois heures du mat' en revenant de chez Juju.

Il avait la braguette ouverte :
C'était qu'il voulait uriner.
Il sort le truc d'un geste alerte
Et pousse un grand soupir du nez.

Ouf ! Il pisse bien dru, dis donc !
Qu'est-ce qu'il a dû picoler !
Du whisky, sûrement du bon ;
Celui qui vous fait vous lever

Trois fois au moins pendant la nuit,
La tête lourde et le pas lent,
Pour vous traîner jusqu'au déduit
Des émonctoires accablants.

On n'est pas toujours en goguettes,
Lorsqu'on a trop abusé,
Du whisky ou de l'anisette,
Il faudrait toujours s'aviser.

Signé : un fêtard qui n'a pas froid aux yeux.

Merci pour ces verres exquis Pimbi. Comme d'habitude tu arrives à transformer une chose banale en une vraie épopée.

Pour le coup, épopée, c'est exactement le mot qui convient : de chez Juju à chez moi, il y a deux cents mètres. Evidemment, on les fait à pied, pas question de voiture. Or, lorsque, vers les deux heures, les fêtards que nous sommes s'avisent de regagner leurs pénates, les deux cents mètres ont tendance à s'allonger, mais à s'allonger comme s'ils voulaient prouver qu'à la relativité du temps répond pour exacte réplique la relativité de l'espace.
It's a long way...