[Divisé] Lire Molière ?

Finalement, ce fil pourrait se résumer ainsi : "Hors nous et nos amis, nul n'aura de l'esprit" (Molière, Femmes savantes)

desolee, je n'ai pas lu Moliere, je ne suis pas trop lecture des classiques

c'est une boutade, je precise

Non là Pimbi il s'agit moins d'avoir de l'esprit que d'avoir du cœur, de l 'humanité,de la compassion .De l'esprit les aficionados en ont à revendre..

Tu devrais, surtout le Misanthrope : très assorti à certains fils du fofo en ce moment.

giraudet a écrit:Non là Pimbi il s'agit moins d'avoir de l'esprit que d'avoir du cœur, de l 'humanité,de la compassion .De l'esprit les aficionados en ont à revendre..

C'est une citation, je ne peux la déformer.

le misanthrope ? bon il va falloir que j'essaie, mais ces livres me semblent tellement chiants lol

vero59 a écrit:le misanthrope ? bon il va falloir que j'essaie, mais ces livres me semblent tellement chiants lol

Mais non, c'est un trésor au contraire, il faut juste faire un effort, s'imprégner du langage de l'époque, des tours de style, des mots qui ont des acceptions différentes, etc. Une fois qu'on est dans le bain, on découvre des merveilles.
Alceste est l'ennemi du genre humain ; son "ami" Philinte essaie en vain de les réconcilier, Alceste lui répond :

Etre franc et sincère est mon plus grand talent ;
Je ne sais point jouer les hommes en parlant ;
Et qui n'a pas le don de cacher ce qu'il pense,
Doit faire en ce pays fort peu de résidence.
Hors de la cour, sans doute, on n'a pas ces appuis,
Et ces titres d'honneur qu'elle donne aujourd'hui,
Mais on n'a pas aussi, perdant ces avantages,
Le chagrin de jouer de forts sots personnages :
On n'a point à souffrir mille rebuts cruels,
On n'a point à louer les vers de messieurs tels,
A donner de l'encens à madame une telle,
Et de nos francs marquis essuyer la cervelle.

Et dans les Femmes savantes, c'est à mourir de rire, tant certains personnages sont ridicules.

Je lis et relis sans cesse les pièces de Molière. Il y a des passages impayables, notamment quand il se moque des médecins de son époque.
Dans le Médecin malgré lui, le personnage principal qu'on a bombardé médecin, parle ainsi :

Non, vous dis-je ; ils m'ont fait médecin malgré mes dents. Je ne m'étais jamais mêlé d'être si savant que cela ; et toutes mes études n'ont été que jusqu'en sixième. Je ne sais point sur quoi cette imagination leur est venue ; mais quand j'ai vu qu'à toute force ils voulaient que je fusse médecin, je me suis résolu de l'être aux dépens de qui il appartiendra. Cependant, vous ne sauriez croire comment l'erreur s'est répandue, et de quelle façon chacun s'est endiablé à me croire habile homme. On me vient chercher de tous côtés ; et si les choses vont toujours de même, je suis d'avis de m'en tenir toute ma vie à la médecine. Je trouve que c'est le métier le meilleur de tous ; car, soit qu'on fasse bien, ou soit qu'on fasse mal, on est toujours payé de même sorte. La méchante besogne ne retombe jamais sur notre dos ; et nous taillons comme il nous plaît dans l'étoffe où nous travaillons. Un cordonnier, en faisant des souliers, ne saurait gâter un morceau de cuir qu'il n'en paye les pots cassés ; mais ici l'on peut gâter un homme sans qu'il en coûte rien. Les bévues ne sont point pour nous, et c'est toujours la faute de celui qui meurt. Enfin, le bon de cette profession est qu'il y a parmi les morts une honnêteté, une discrétion la plus grande du monde ; et jamais on n'en voit se plaindre du médecin qui l'a tué.

Avec toutes mes excuses pour le HS ! Je n'ai pas fait attention au titre du topic. Modo, je demande grâce à genoux...

Et la Laïcité a-t-elle trouvé meilleurs défenseurs que Sganarelle et Don Juan das le fameux duo métaphysique où l'un s'abaisse au ridicule le plus avancé, et l'autre, Don Juan, rétorque avec intelligence (oui ça existe!) ce que nous aimerions entendre plus souvent dans la bouche de certains.
Molière est le dieu de mon fils, Jean-Dominique, il l'a lu appris par coeur, joué, mis en scène (et a même été primé pour cela). Si ce n'est pas génétique, je veux bien être pendu! Je suis Racinien, mais ils furent de proches amis jusqu'à ce qu'une histoire de femme les sépare.

Non, Vero, rien n'est "ch..." dans Molière. Quand on songe surtout à l'époqe à laquelle il écrit ses pièces (en pleine bigotterie, en pleine querelle de la bulle "Unigenitus"). Alceste ? C'est un record inégalé de grandeur d'âme.
Que de fois n'ai-je aux grands moments d'épouvante de ma vie comme psalmodié la fin du "Misanthrope", en souhaitant ..." un endroit écarté /Où d'être homme d'honneur on ait la liberté!".

Léger anachronisme, Hérodote : la bulle Unigenitus est postérieure à la mort de Molière, elle date de 1713.

Oui, Vero, si tu fais l'effort, tu seras payée en conséquence : Molière est le nec plus ultra de la comédie fine. Il n'est que de relire le passage des Femmes savantes où Trissotin présente Vadius à la compagnie en tant qu'helléniste pour éclater de rire : tout le monde se congratule (Du grec, ma sœur ! O ciel, du grec, quelle douceur (...) Souffrez que pour l'amour du grec, monsieur, on vous embrasse !) - Au moment d'embrasser Henriette, pas du tout copine de ses sœurs et de sa mère, elle répond :
- Excusez-moi, monsieur, je n'entends pas le grec.

Ah ça ! Dieu, le Diable, le Ciel et le Moine bourru...

Vero : tu peux les lire, mais tu peux aussi chercher une bonne mise et scène captée, ça doit pouvoir se trouver. Si tu trouves, par exemple, tout ou partie de Dom Juan mis en scène par Daniel Mesguich, je te le recommande

Je confesse mon erreur. Je croyais la Bulle papale plus proche de la rumeur monstrueuse que fit Jansenius avec l'hérésie qui porte son nom.
Plates excuses à toutes et à tous ceux qui, à défaut de lire les bulles, en font...

J'ai lu les détails dans les mémoires du duc de Saint-Simon. J'en suis pour l'heure à l'année 1715, avec l'épisode mi-partie tragique et ridicule du renvoi de la princesse des Ursins de la cour d'Espagne, et de la suspicion de trahison qui a failli coûter sa tête au duc d'Orléans, futur Régent.

Je ne suis pas ici ce soir. Vous vous doutez bien toutes et tous où je vais me trouver. Comme celà risque d'être plus long que d'habitude je vais essayer de me reposer un peu. A plus tard.

Pimbi a écrit:

vero59 a écrit:le misanthrope ? bon il va falloir que j'essaie, mais ces livres me semblent tellement chiants lol

Mais non, c'est un trésor au contraire, il faut juste faire un effort, s'imprégner du langage de l'époque, des tours de style, des mots qui ont des acceptions différentes, etc. Une fois qu'on est dans le bain, on découvre des merveilles.
Alceste est l'ennemi du genre humain ; son "ami" Philinte essaie en vain de les réconcilier, Alceste lui répond :

Etre franc et sincère est mon plus grand talent ;
Je ne sais point jouer les hommes en parlant ;
Et qui n'a pas le don de cacher ce qu'il pense,
Doit faire en ce pays fort peu de résidence.
Hors de la cour, sans doute, on n'a pas ces appuis,
Et ces titres d'honneur qu'elle donne aujourd'hui,
Mais on n'a pas aussi, perdant ces avantages,
Le chagrin de jouer de forts sots personnages :
On n'a point à souffrir mille rebuts cruels,
On n'a point à louer les vers de messieurs tels,
A donner de l'encens à madame une telle,
Et de nos francs marquis essuyer la cervelle.

Et dans les Femmes savantes, c'est à mourir de rire, tant certains personnages sont ridicules.

bon promis, j'essaie de m'y mettre, je vais deja essayer de les trouver en livre audio ce qui me permettra de les ecouter pendant ma tournee

attention, je ne voudrais pas passer non plus pour une inculte lol, je suis une tres grosse lectrice, romans, vulgarisation scientifiques, livres sur la spirituelité en general, mais je crois que j'ai ete degoutée a l'epoque, a l'ecole, où l'on nous a fait ingurgiter du antigone etc..a toutes les choses et j'ai du faire un rejet

il va falloir que je repare cet accroc dans ma culture livresque

donc pour commencer, vous me conseillez
le misanthrope
les femmes savantes
medecin malgre lui
et don juan ?

sylvie, je vais regarder si je peux trouver cela aussi, en piece de theatre donc?

A l'école on m'avait fait lire le malade imaginaire. Je me rappelle l'avoir lu vers le nouvel an où moi même j'étais malade comme un chien. Pendant les maux de ventres, je lisais ces histoires de lavements et de clystères de cette espèce de bourgeoisie décadente.

vero : (et non Sylvie que j'avais tapé par erreur!)
Je vous recommande "Tartuffe" (Molière).

C'est criant d'actualité !

A ajouter à votre liste. Les plus "dénonciateurs", à mon avis sont, dans l'ordre : "Tartuffe", "Don Juan", " Le misanthrope".
Tout Molière dénonce un travers social et c'est ainsi qu'il est éternel, (hélas!). "Le Médecin malgré lui" et "Les Femmes savantes" sont vraiment des comédies où on rit de bon coeur. Les trois que j'ai isolées, je me demande si elles ne sont pas autant des drames profondément humains dont le génie de Molière a pu tirer quelqu'effet comique.

Le malade imaginaire, si tu trouves la mise en scène de Gildas Bourdet, c'est le top.
Oui, oui, joué c'est le mieux ! A lire c'est bien aussi, mais joué ça prend beaucoup de saveur.

Bien sûr, il y a les "pures comédies", et puis la trilogie des pièces plus sombres, Tartuffe, Dom Juan et Le Misanthrope.

Tartuffe est peut-être dispo dans la version donnée par la Comédie Française, avec Torreton.

merci de vos conseils, à vous lire ça me donne vraiment envie, beaucoup plus que la prof de français de ma jeunesse qui nous demandait des resumés de ces livres, et ensuite...rien, pas d'explications, niet, nada... a 16, 17 ans, on a vite fait de faire un rejet

Ethereum a écrit:A l'école on m'avait fait lire le malade imaginaire. Je me rappelle l'avoir lu vers le nouvel an où moi même j'étais malade comme un chien. Pendant les maux de ventres, je lisais ces histoires de lavements et de clystères de cette espèce de bourgeoisie décadente.

Clystère dulcifiant, s'il vous plaît. J'insiste sur le "dulcifiant", le mot me fait toujours rire...

vero59 a écrit:merci de vos conseils, à vous lire ça me donne vraiment envie, beaucoup plus que la prof de français de ma jeunesse qui nous demandait des resumés de ces livres, et ensuite...rien, pas d'explications, niet, nada... a 16, 17 ans, on a vite fait de faire un rejet

Voilà ce que c'est que des profs non engagés ! Au pensionnat, j'ai joué Trissotin en imitant l'accent de Giscard, que j'imite très bien, et tout le monde était éclaté de rire. Mine de rien, quand en plus d'apprendre, on s'amuse, c'est un super pied.

Pimbi a écrit:

giraudet a écrit:Non là Pimbi il s'agit moins d'avoir de l'esprit que d'avoir du cœur, de l 'humanité,de la compassion .De l'esprit les aficionados en ont à revendre..

C'est une citation, je ne peux la déformer.

Oui Pimbi mais tu es aussi autorisée à penser par toi -même ..