Universalisme : valeur en péril ?
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Universalisme : valeur en péril ?
Les conflits en cours nous montrent que l’universalisme marque le pas face aux tentations impérialistes de certains pays, dont ceux mus par une animosité envers l’occident. L’histoire n’est pas linéaire.
Ce n’est plus une nouveauté, et pour personne : les pays occidentaux font l’objet d’une hostilité de la part de tous les autres pays. Et ce, qu’ils aient été colonisateurs ou non. Les pays occidentaux ont tous été à un moment ou l’autre des promoteurs de notre modèle démocratique / libéral. Cette démocratie, nous la croyions en voie de généralisation tout autour de notre globe : universelle. Les philosophes des Lumières avaient bien vu la longue liste de points communs que partagent tous les humains. Parmi ces points communs on retrouve pas mal de valeurs telles que la liberté, l’égalité en droits, la fraternité.
Tiens, cela nous mène aux francs-maçons, qui ont aussi pris leur essor au 18e siècle. La franc-maçonnerie dite de tradition s’intéresse d’abord à l’individu . Constatant la difficulté qu’il y a à vouloir s’améliorer personnellement, et qu’il y a des cas « désespérés », elle ne se veut pas comme convenant à tous. Elle annonce néanmoins en conclusion viser le perfectionnement de l’Humanité tout entière ( ex : règle 4 sur GLNF.fr ). Il s’agit donc bien de visées universelles.
La maçonnerie libérale/adogmatique, elle, affiche plus directement encore ses ambitions universalistes. À côté de ses travaux symboliques et tournés vers la connaissance/amélioration de soi, la réflexion et l’action sociétale abordent les dynamiques collectives et civilisationnelles. Le perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité apparaît dès le premier article de la constitution du GODF .
Mais revenons à cette animosité envers les pays dits occidentaux. Elle est analysée par Amin Maalouf dans son « Labyrinthe des égarés ». Le cheminement historique est différent pour chaque pays, mais on détecte des similitudes. Presque toujours on rencontre des médailles à deux faces. D’un côté on a certes les avantages et bénéfices de la modernité associée à la démocratie et à la technologie apportés par l’occident. Mais une lecture plus lucide révèle côté pile des arrangements plus discrets et dissymétriques, qui laisseront un goût amer chez les « émergents ». Encore plus destructeurs, les épisodes du type deux poids deux mesures, dans lesquels la violence unilatérale s’est invitée, en contradiction des discours lénifiants tenus par nos chancelleries.
Alain Bauer relate cela également dans son « Au commencement était la guerre ». Il indique de plus que notre torpeur qui a suivi la chute de l’URSS était un aveuglement . L’appeler « dividendes de la paix » montrait que le pouvoir était passé chez nous aux mains des comptables. Difficile de ne pas voir de similitude avec la période d’avant la seconde guerre mondiale, où nous avions laissé Hitler avancer trop loin.
A la chute du Mur nous avons fait d’intenses efforts pour ne pas écouter ce que terroristes et dictateurs avaient à nous dire. À présent la fin de la récréation a sonné et il est grand temps de « s’y remettre ». Alain relève que parmi les pays qui nous font actuellement souci il en est un nombre important qui autrefois ont eu un empire. Le fantasme de la puissance peut hanter longtemps tout un peuple. Et même s’il n’y a pas eu d’empire, la motivation reste un élément capital influençant l’issue des conflits.
Mais nous avons une presque « bonne nouvelle » . Plusieurs régimes autoritaires se découvrent moins efficaces qu’ils ne le pensaient, et des régimes démocratiques moins faibles qu’ils ne le craignaient.
En effet, les régimes dictatoriaux reposent sur peu de dirigeants, souvent un seul, ce qui entraîne presque mécaniquement une bien faible qualité décisionnelle, avec une faible motivation de la population générale. A contrario, les pays démocratiques peuvent se révéler forts, à condition que leurs ennemis intérieurs ne leur mettent pas le moral à zéro. À ce propos, il faut observer les groupes politiques, mais aussi les médias ( sont-ils systématiquement négatifs ? ), les groupes religieux ( et les francs-maçons ? ), et les influences étrangères ( trolls, bots, fermes à fake news ). Ces derniers temps, chaque élection se joue sur le fil entre vote protestataire et abstention massive .
Il ne faut pas oublier que dans notre monde actuel la guerre ne se déclare plus : on dit qu’elle est hybride car mélangeant le dur et le soft, l’officiel et le crypté, l’intense et le feutré. Désormais une guerre démarre bien avant que la démocratie ne détecte les dégâts déjà occasionnés : attaques informatiques et autres sabotages. Et on constate qu’apporter des preuves de l’identité des agresseurs est souvent malaisé. Rien n’est plus pousse-au-crime !
Sur le plan psychologique, puisque les années passées à soigner son petit moi vont devoir se terminer, au profit d’une action plus collective, Alain conclut : « le tout-à-l’ego ne fait plus loi, le nous se reconstitue, sourdine sur le moi-je ». Nos années de diastole « laisser faire, laisser dire » se terminent, voici venir les années systole « serrer les poings et les rangs, sans compter les dents ».
Pour paraphraser notre pote l’Ecclésiaste : « il y a un temps pour tout : pour la paix que l’Occident a crue acquise, pour cette démocratie qu’il a crue irréversible, et même pour ce libéralisme qu’il a cru universel, mais aussi pour tout les contraires ».
Nous nous en doutions, mais il est encore démontré que l’histoire est tout sauf linéaire, et que les retours en arrière peuvent être longs et douloureux.
Universel : nous avions démarré sur cette valeur. Elle est provisoirement bien malmenée, prise dans la gigantesque bataille culturelle permanente qui agite la planète. Cette bataille dresse l’un contre l’autre le groupe des similitudes humaines contre celui des différences. Face à l’universalisme on voit le mur des identités. Le mur identitaire peut de plus être clivé/multiplié par les wokismes, racismes et autres -ismes toxiques. On oppose le genre au sexe, on répond communautarisme à ceux qui clament république, on dit droit des minorités en réponse à la légalité/légitimité de la majorité. Bref la dualité du pavé mosaïque est en fait la reine des cœurs…où est la tête ?
Faisons en sorte qu’elle reste froide, sur nos épaules, avec les yeux et les oreilles bien ouverts. Néanmoins n’oublions jamais nos valeurs maçonniques telles que la bienveillance. Bernanos concluait : « Au commencement était la guerre, espérons finir en paix ».
Cet article a été taxé par un de ses lecteurs de "cécité béate", mais aussi de position pro-occident...lequel a tort à 100% comme chacun sait.
Ce n’est plus une nouveauté, et pour personne : les pays occidentaux font l’objet d’une hostilité de la part de tous les autres pays. Et ce, qu’ils aient été colonisateurs ou non. Les pays occidentaux ont tous été à un moment ou l’autre des promoteurs de notre modèle démocratique / libéral. Cette démocratie, nous la croyions en voie de généralisation tout autour de notre globe : universelle. Les philosophes des Lumières avaient bien vu la longue liste de points communs que partagent tous les humains. Parmi ces points communs on retrouve pas mal de valeurs telles que la liberté, l’égalité en droits, la fraternité.
Tiens, cela nous mène aux francs-maçons, qui ont aussi pris leur essor au 18e siècle. La franc-maçonnerie dite de tradition s’intéresse d’abord à l’individu . Constatant la difficulté qu’il y a à vouloir s’améliorer personnellement, et qu’il y a des cas « désespérés », elle ne se veut pas comme convenant à tous. Elle annonce néanmoins en conclusion viser le perfectionnement de l’Humanité tout entière ( ex : règle 4 sur GLNF.fr ). Il s’agit donc bien de visées universelles.
La maçonnerie libérale/adogmatique, elle, affiche plus directement encore ses ambitions universalistes. À côté de ses travaux symboliques et tournés vers la connaissance/amélioration de soi, la réflexion et l’action sociétale abordent les dynamiques collectives et civilisationnelles. Le perfectionnement intellectuel et social de l’Humanité apparaît dès le premier article de la constitution du GODF .
Mais revenons à cette animosité envers les pays dits occidentaux. Elle est analysée par Amin Maalouf dans son « Labyrinthe des égarés ». Le cheminement historique est différent pour chaque pays, mais on détecte des similitudes. Presque toujours on rencontre des médailles à deux faces. D’un côté on a certes les avantages et bénéfices de la modernité associée à la démocratie et à la technologie apportés par l’occident. Mais une lecture plus lucide révèle côté pile des arrangements plus discrets et dissymétriques, qui laisseront un goût amer chez les « émergents ». Encore plus destructeurs, les épisodes du type deux poids deux mesures, dans lesquels la violence unilatérale s’est invitée, en contradiction des discours lénifiants tenus par nos chancelleries.
Alain Bauer relate cela également dans son « Au commencement était la guerre ». Il indique de plus que notre torpeur qui a suivi la chute de l’URSS était un aveuglement . L’appeler « dividendes de la paix » montrait que le pouvoir était passé chez nous aux mains des comptables. Difficile de ne pas voir de similitude avec la période d’avant la seconde guerre mondiale, où nous avions laissé Hitler avancer trop loin.
A la chute du Mur nous avons fait d’intenses efforts pour ne pas écouter ce que terroristes et dictateurs avaient à nous dire. À présent la fin de la récréation a sonné et il est grand temps de « s’y remettre ». Alain relève que parmi les pays qui nous font actuellement souci il en est un nombre important qui autrefois ont eu un empire. Le fantasme de la puissance peut hanter longtemps tout un peuple. Et même s’il n’y a pas eu d’empire, la motivation reste un élément capital influençant l’issue des conflits.
Mais nous avons une presque « bonne nouvelle » . Plusieurs régimes autoritaires se découvrent moins efficaces qu’ils ne le pensaient, et des régimes démocratiques moins faibles qu’ils ne le craignaient.
En effet, les régimes dictatoriaux reposent sur peu de dirigeants, souvent un seul, ce qui entraîne presque mécaniquement une bien faible qualité décisionnelle, avec une faible motivation de la population générale. A contrario, les pays démocratiques peuvent se révéler forts, à condition que leurs ennemis intérieurs ne leur mettent pas le moral à zéro. À ce propos, il faut observer les groupes politiques, mais aussi les médias ( sont-ils systématiquement négatifs ? ), les groupes religieux ( et les francs-maçons ? ), et les influences étrangères ( trolls, bots, fermes à fake news ). Ces derniers temps, chaque élection se joue sur le fil entre vote protestataire et abstention massive .
Il ne faut pas oublier que dans notre monde actuel la guerre ne se déclare plus : on dit qu’elle est hybride car mélangeant le dur et le soft, l’officiel et le crypté, l’intense et le feutré. Désormais une guerre démarre bien avant que la démocratie ne détecte les dégâts déjà occasionnés : attaques informatiques et autres sabotages. Et on constate qu’apporter des preuves de l’identité des agresseurs est souvent malaisé. Rien n’est plus pousse-au-crime !
Sur le plan psychologique, puisque les années passées à soigner son petit moi vont devoir se terminer, au profit d’une action plus collective, Alain conclut : « le tout-à-l’ego ne fait plus loi, le nous se reconstitue, sourdine sur le moi-je ». Nos années de diastole « laisser faire, laisser dire » se terminent, voici venir les années systole « serrer les poings et les rangs, sans compter les dents ».
Pour paraphraser notre pote l’Ecclésiaste : « il y a un temps pour tout : pour la paix que l’Occident a crue acquise, pour cette démocratie qu’il a crue irréversible, et même pour ce libéralisme qu’il a cru universel, mais aussi pour tout les contraires ».
Nous nous en doutions, mais il est encore démontré que l’histoire est tout sauf linéaire, et que les retours en arrière peuvent être longs et douloureux.
Universel : nous avions démarré sur cette valeur. Elle est provisoirement bien malmenée, prise dans la gigantesque bataille culturelle permanente qui agite la planète. Cette bataille dresse l’un contre l’autre le groupe des similitudes humaines contre celui des différences. Face à l’universalisme on voit le mur des identités. Le mur identitaire peut de plus être clivé/multiplié par les wokismes, racismes et autres -ismes toxiques. On oppose le genre au sexe, on répond communautarisme à ceux qui clament république, on dit droit des minorités en réponse à la légalité/légitimité de la majorité. Bref la dualité du pavé mosaïque est en fait la reine des cœurs…où est la tête ?
Faisons en sorte qu’elle reste froide, sur nos épaules, avec les yeux et les oreilles bien ouverts. Néanmoins n’oublions jamais nos valeurs maçonniques telles que la bienveillance. Bernanos concluait : « Au commencement était la guerre, espérons finir en paix ».
Cet article a été taxé par un de ses lecteurs de "cécité béate", mais aussi de position pro-occident...lequel a tort à 100% comme chacun sait.
patos- Admin
- Messages : 5386
Date d'inscription : 15/09/2015
Age : 71
Localisation : Drôme
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Re: Universalisme : valeur en péril ?
Aujourd’hui, il est vrai que le concept d’universalisme est confronté à une opposition de plus en plus concrète face au réveil du nationalisme, voire l’impérialisme qui contredisent ses valeurs. De plus certains pays en opposition avec l’occident cherchent a imposer des valeurs différentes qui n’ont pas de rapport avec le cadre universel, carrément contraire aux droits de l’homme, à la démocratie, à la justice sociale.
Mais, ne voyons nous pas cela avec notre regard d’occidentaux ? Les peuples vivant hors démocratie ne sont ils pas satisfaits du régime géopolitique de leur pays, selon leur culture, leur éducation, en gros, ne sont-ils pas heureux de leur façon de vivre, cela n’entre t-il pas dans le cadre de leur mentalité ?
Il est nécessaire de reconnaitre la diversité des cultures et des systèmes politiques pour surmonter les obstacles à l’universalisme tout en restant vigilant aux abus pour préserver les valeurs fondamentales qui sont bonnes pour l’humanité.
danielsan- Grand Initié
- Messages : 2826
Date d'inscription : 16/02/2016
Age : 73
Localisation : HAUTS DE FRANCE
patos aime ce message
Re: Universalisme : valeur en péril ?
Les peuples vivant hors démocratie ne sont ils pas satisfaits du régime géopolitique de leur pays, selon leur culture, leur éducation, en gros, ne sont-ils pas heureux de leur façon de vivre, cela n’entre t-il pas dans le cadre de leur mentalité ?
La servitude volontaire...
J'ai eu envie de chercher un peu du côté de cette idée. J'ai trouvé cet article que je lirai demain car il se fait tard. En le parcourant en diagonale, j'y ai vue des références à la Boétie et à Spinoza.
Jusqu'à présent je croyais vaguement que c'était des footballeurs.
Je vais me renseigner.
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- Éric Hamraoui
- Dans Travailler 2005/1 (n° 13), pages 35 à 52
Nowak- Petit Sage
- Messages : 396
Date d'inscription : 16/05/2023
Localisation : Loiret
danielsan aime ce message
Re: Universalisme : valeur en péril ?
Certains peuples vivant sous des régimes non démocratiques peuvent considérer qu’ils vivent dans le bonheur, dés l’instant où ils vivent dans la stabilité, la sécurité et la préservation des traditions, qu’ils perçoivent comme plus importantes que les libertés individuelles ou la démocratie. Ainsi un état autoritaire peut être vu comme bénéfique puisque qu’il garanti un certain ordre et un certain bien être. En fait le bonheur dépend des valeurs de chaque individu ou culture.
Par exemple, on ne peut pas dire que la Russie vive sous un état démocratique et pourtant, malgré ses difficultés économiques, le peuple russe présente un certain degré de fierté nationale et d’impression de sécurité.
Personnellement j’aime trop la liberté, l’égalité et la fraternité pour vivre dans un tel état, même si vivre sans se poser de questions en se préoccupant simplement de soi et de sa famille sous un état qui règle toutes les autres préoccupations sécuritaires peut sembler être confortable. Ne pas penser ou ne pas pouvoir penser par soi même est pour moi la véritable oppression.
Quant à Spinoza, que j’aime bien, l’esclavage ne se limite pas à une condition sociale, mais à l’esclavage de l’individu par lui-même, incapable de maîtriser ses passions, ses émotions, ses désirs irréfléchis. L’individu est dominé, donc esclave, opprimé, par ses passions et il agit contrairement à sa raison. C’est la raison pour laquelle Spinoza insiste sur l’importance de la connaissance et la compréhension de soi permettant ainsi de se contrôler. N’est-ce pas le but d’un franc-maçon ? C'est peut être aussi la raison pour laquelle les régimes autoritaires condamnent la franc-maçonnerie ?
danielsan- Grand Initié
- Messages : 2826
Date d'inscription : 16/02/2016
Age : 73
Localisation : HAUTS DE FRANCE
Luciole et Nowak aiment ce message
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