Irrépressible printemps !

Des anges aux oeillets délicats font honneur
A la rêveuse qui passe, une fleur entre les dents
Le clocher tinte soudain de son cône sonneur
Le bouton éclate, sur l'herbe et le chiendent !

Un désir torride possède son pistil affriolant
Corolle qui se donne à l'abeille comme anémique
Après un long et froid hiver, son dard est affolant
Et les bornes oblongues se dressent, obliques !

Elle voit des bergers pressés sortir leurs bêtes
Eux qui prièrent Pan, jouant de ce vieux pipeau
Bientôt, ils auront de quoi célébrer les fêtes
La belle qui rêve dansera au milieu du troupeau !

L'aubépine et le fin chèvrefeuille les enivrent
Comme le vin qui se distille au fond des fûts
Des chérubins la hèlent, et pour elle se livrent
A une danse nuptiale, un très agréable raffut.

Le tendre pré caresse ces tiges qui s'adonnent
Telles des odalisques qui s'imbibent de henné
Bleues, jaunes ou roses, les fleurs entonnent
La mélodie d'une suave saison, qui est née !

Et le merle, au chant délectable et séduisant
Donne à ces flux et reflux un beau rythme idéal
La rêveuse se livre sans fard à son beau féal
Dans une extase, aux rêves humides et luisants !

Olive.