Spiritualité bretonne? par Yann Vleiz Ar C'hunff

Je signale cet article intéressant sur la spiritualité bretonne par Yann Vleiz Ar C'hunff .

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Il m'a été demandé s'il existait une spiritualité spécifiquement bretonne… Après quelques secondes de réflexion, voici ce que j'ai répondu :

Le mot "Trépas" français veut dire "Mort" alors que le mot "Trepas" breton, (prononcer trépaz), veut dire "Couloir" et "Corridor"... en fait, non pas un point final, mais un passage vers l'Autre Monde! Le peuple celte et breton fut éminemment spiritualiste, que ce soit sous le druidisme ou sous le christianisme celtique, (tous les deux combattus par Vatican qui ne reconnaît que du bout des lèvres quelques saints bretons, les 7 fondateurs, Yves et Anne...), dans une vision du Monde où plusieurs «univers parallèles» se côtoient, avec des signes ou intersignes qui sont les codes ou les messages d'interface entre ces mondes... Tous peuvent les voir et les comprendre, mais peu le font car ils n'y croient pas ou n'y pensent pas, et pour eux tout n'est que hasard ou coïncidence...

Pour le breton spiritualiste, toutes les énergies se recyclent, et le Trepas (Tri paz = trois pas) est le moyen radical de franchir la porte vers l'Ailleurs... De façon schématique, son monde spirituel est symboliquement divisé en trois cercles concentriques :

Anwn, monde de l'oubli et de la déstructuration des énergies, retour au creuset originel (enfer des chrétiens?)

Abred, monde de l'errance, vie dans laquelle nous sommes actuellement, où nos faisons des expériences dans la joie ou la souffrance, en dessous de la vitesse de la lumière, monde sombre aux soleils blancs... (purgatoire des chrétiens?)

Gwenved, le monde blanc, au delà de la vitesse de la lumière, monde blanc aux soleils noirs, où le temps est suspendu, où l'énergie est en vibration haute au delà de la matière (énergie en vibration basse), et où l'esprit a un corps lumineux libéré du temps et de la souffrance, en fusion totale avec les autres esprits...

Le quatrième cercle est infranchissable, Keugant, là où on se « brûle les ailes » si on veut le franchir, et où on retombe case départ tel un ange déchu...

La spiritualité bretonne traditionnelle est bien plus complexe que cela bien sûr, mais je l'ai brièvement résumée ici. La croix celtique reproduit dans son symbolisme ces mondes différents et imbriqués... Mais comme disaient les Druides, une doctrine spirituelle n'est jamais figée, morte en un texte écrit, mais reste vivante et évolutive comme la parole, et le réel qu'elle tente de décrire… Le débat reste donc lui aussi ouvert ! JLLC ■

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Très très intéressant... Ça donne envie d'en savoir plus sur la piritualité bretonne ! Merci Giraudet !

La culture bretonne est chargée de symboles et d'histoires, regarder ça de plus prêt est dans ma (longue) liste de trucs à faire ... merci pour cette pierre !

J'ai déjà évoqué sur je ne sais plus quel fil (musical) la "divinité" Ana, en tous points corrélative de celle de "Anwn" qui évoqerait l'unicité de l'Univers nous inclus et qui serait une personne à l'origine et à la fin de tout. Je crois avoir dit alors que Ana (Anwn) présiderait à l'immersion dans ce lac froid et sombre, immobile, qui correspond à la vision des Celtes de la damnation éternelle. C'est elle qui avit tant d'inflence sur la mort qu'elle est devenue celle qui peut en sauver, telle Anne, vite synchronisée avec Ana ou Anwn, grand-mère de Jésus, qu'on dit avoir recueilli, en Bretagne insulaire ou en Bretagne tout court, le Christ pendant sa longue absence de l'Evangile.
D'où le culte intense et prolongé de Sainte-Anne en Bretagne et dans les autres pays celtiques.
Un mot sur le passage qui n'est pas la Mort, mais seulement les trois pas vers la Mort : beaucoup de gens qui ont lu Le Braz ou Le Goffic, pensent que c'est l'Ankou, avec sa faux sur l'épaule qui est la Mort. Gallicisation, romanisation d'un concept qui gomme le désir breton de "savoir" , même peu avant, ce qui va advenir de lui. Car l'Ankou" n'est pas la mort elle-même, mais le pas annonciateur de la mort. C'est un signe visible. Dans le région de Pontivy, Auray, Lorient, c'est généralement sous la forme d'un cheval blanc, lourd et déjà vieux, qui apparait au crépuscule. et qui prévient de l'imminence. S'il reparait au même endroit et suit de son pas lourd la persone qui l'a vue la veille, c'est que c'est elle qui est désignée. Si, par contre, il s'arrête devant la porte du vieil oncle ou d'un voisin souffrant, il y a grand risque qu'il leur restera à franchir les deux pas restant. (j'en ai fait un chapitre sous le sous-tire "le cheval blanc" d'un de mes livres déjà anciens et dont il ne me reste plus que peu d'exemplaires pesonnels.).
Voici ce que je peux dire. Sauf ceci : ne mélangez surtout pas la piété bretonne actuelle, avec la piété des Catholiques de l'Europe du Sud. Tout est l'occasion d ripaille et de réjouissances. Point chez nous qu'il faut aller chercher la " semana sancta" de Seville, avec ses flagellants. On ne se flagelle pas en Bretagne. Le religion est l'un des flambeaux de la Joie d'Etre. Comme ce fut le cas au temps où les Celtes s'acharnaient à trouver ce fout.. soleil qui fichait le camp tous les soirs pour reparaître le matin , mais à l'envers. Allez donc être positiviste dans cette spiritualité-là ! Mieux vaut en rire. C'est ce qu'il font ...
(merci infiniment, ami Giraudet, de tout coeur ...breton)

Je vois le 4eme cercle de la même façon que le Papillon galactique chez les Mayas
Je le perçois également de façon symbolique, mais sous d'autres formes (toujours par rapport au texte). Je pense que le signifiant a un nombre incalculable de signifiés... Le praticien faisant la différence à sa propre échelle, c'est donc entre ses mains que reposent sa vision de la ''vérité'' qui lui est propre et qui n'est pas fini, qui change et évolue de façon perpétuelle...

La croix celtique, le triskele (les spirales), etc. Autant de références à l'ancien monde que l'on retrouve également présentes dans des mythologies voisines (nordico - germanique) par exemple. Bon, ce n'est pas tout mais c'est un autre sujet, puis je n'ai vraiment pas le courage d'écrire en ce moment.

La croix celte me fait penser à la Roue du Dharma. C'est une autre façon de représenter cette conceptuelle

Merci pour ton sujet riche en informations.

Et toi tu honores ce passionnant sujet giraudet ! Comme d'habitude tes contributions nous enrichissent et nous fascinent, merci à toi.

Ce thème me fait rêver; j'ai toujours été attiré par la spiritualité celtique, qui comporte une dimension poétique indéniable. Elle contient des mythes fondateurs, des présences indicibles, tout un univers qui fait écho à cette nature mystérieuse et envoûtante...

Vous avez dit le mot, que j'assortis d'une capitale, Olive, "Univers".
J'ai tout à l'heure évoqué l'apparition de ce qui est, et sa disparition, selon nos apparences mortelles. La Mythologie celtique est bien faite d'un Univers incréé et immortalisable qui se superpose à Lui-même en un infinité de cercles et de traits en tous sens, inénumérables, et dont nous sommes incapables de humer, seulement de humer, le parfum d'Infini.
Il est bon d'y retourner chaque fois que le scepticisme nous assaille. Déja, Swedenborg en avait eu la pressentiment, ce qui retentit jusque dans le "Seraphitus" de Balzac, dont je me suis inspiré par ailleurs pour imaginer un récit où des mondes parallèles sont possibles, voire probables, et, ainsi, que nous puissions vivre plusieurs vies en même temps, ce qui expliquerait notre psychisme étrange. La mythologie celte dont la France a hérité d'un pan en 1532, n'a pas encore iirrigué le Génie français. On y tâche, mais les vieux seront-ils relayés ? Je le crois, car c'est au fond de nous que l'esprit (que vous appellerez "âme", si cela vous convient mieux) celte est en perpétuel bouillonnement. La preuve: ce sujet déposé par giraudet (qu'il en soit encore remercié) commence à aller vers des spéculations plus profondes, plus inquisitrices que la simple liste des apparences nominales de caractéristiques de la mythologie bretonne. Je sais mal exprimer tout ceci, et vous prie de m'en excuser. C'est au fond de moi depuis si longtemps, si longtemps que je me noie parfois dans cet Univers que je ne veux pas lâcher et qui ne me lâchera pas . "Illuminosa, immortalis!"...

Je vous remercie pour vos commentaires enthousiastes et si chaleureux ,cela me touche beaucoup !

Cher Hérodote vous avez perçu l 'indéniable attrait qu'exerce sur la pensée la découverte de cette culture si riche et si complexe, culture pré-chrétienne mais qui a en quelque sorte absorbée la culture chrétienne par la suite , certains diront que c'est le contraire qui s'est produit évidemment : les avis sont nombreux et divergent souvent...

Le fait principal reste évidemment l 'incroyable beauté et richesse culturelle de cette civilisation qui a inspiré tant d'éminents spécialistes comme de nombreux écrivains et de nombreux artistes de toutes disciplines .

De cette masse foisonnante d'écrits multiples , je n'ai lu que quelques ouvrages : ceux de J.Markale, de Yann Brekilien , et le fameux livre de traduction d'un très vieux texte " Le Dialogue des deux sages " de Christian-J.Guyonvar'h .

Tout leurs ouvrages méritent une relecture tellement ils contiennent de profondes et belles réflexions !

Cher Hérodote vos réponses m'ont passionné et je partage totalement votre ressenti , votre perception du monde celte lorsque vous écrivez : "C'est au fond de moi depuis si longtemps, si longtemps que je me noie parfois dans cet Univers que je ne veux pas lâcher et qui ne me lâchera pas . "Illuminosa, immortalis!"..." C'est tout à fait cela : c'est vraiment un monde qui ne vous lâche pas !..Et il est impossible de le lâcher en effet !





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Cher giraudet, il y a bien longtemps que je n'avais éprouvé le bonheur d'être aussi en communion avec quelqu'un !
Je suis occupé en ce moment dans le monde musical que nous avons peu à peu instauré, Guthrie et moi, avec l'aimable tolérance de la modération de ce Forum. Et il se trouve en ce moment que je me délecte d'une autre forme de spiritualité bretonne (disons celtique, pour mieux cadrer), celle d'un musicien qui a tout résumé en lui, le grand Guy Ropartz, dont on voir ressurgir les chefs d'oeuvres oubliés. Si ce Forum a un mérite il le doit à ceux qui laissent s'y installer des échanges comme les nôtres, de haute qualité, sans dédaigner les non moins nécessaires plaisanteries.
Cet Univers dans lequel nous sommes peut-être incréés nous ausi et éternels nous aussi, et infinis nous aussi, c'est mieux quand même qu'une vision rabougrie de ce passage sur terre, dont ni vous ni moi ni personne ne savent s'il a un sens ni lequel. Faute de mieux, nous nous en tenons à ce vieil adage romain "primum non nocere", et à ce devoir insispensable à notre plénitude de faire le plus de Bien partout, toujours, à chaque instant et de le distiller, à notre cadence, jusqu'à ce que l'Univers expédie nos "particules élémentaires" ailleurs et ni vous ni moi ne savons quand, comment, pourquoi.
Mais tout ceci est dans la spiritualité bretonne, donc celtique, et c'est pourquoi, elle, l'historiquement maltraitée, est si importante à étudier, à répandre, à devenir un constant sujet de médiation. (J'ai fait une faute de frappe. Je la laisse. Je voulais écrire "méditation" et j'ai écit "médiation" par erreur. C'est aussi bon l'une que l'autre).
Merci de vos encouragements.
Mais diable ! où allez vous chercher des photos si belles ? Je vous envie, mais il est bien tard pour apprendre ceci. Je vous dis toutes mes amitiés.